Test de Watch Dogs (PS4)

Un an avant le mémorable E3 2013 qui a été marqué par les annonces des consoles next gen, il y a eu le plutôt terne et insipide E3 2012 dont il faut bien avouer qu’on a du mal à se souvenir, mis à part peut-être de la conférence Ubisoft et de cette nouvelle licence sortie de nulle part : Watch Dogs.
Watch Dogs

Le jeu a surpris beaucoup de monde par ses graphismes (qui se sont révélés par la suite trop beaux pour être vrais), son environnement, mais surtout son gameplay particulier qui met le hacking au centre de l’expérience de jeu.

Deux années de développement plus tard, Watch Dogs est une réalité et son succès est indéniable. Il a d’ailleurs détenu pendant quelques mois le record de nouvelle IP la plus précommandées, avant de se faire récemment détrôner par Destiny. Voyons si le jeu mérite ces lauriers et comment s’en sort Ubisoft dans l’exercice délicat du GTA like urbain.

Hack in the City

On va faire vite pour ce qui est du contexte et de l’histoire tant ces éléments ne sont franchement pas originaux : vous incarnez Aiden Pearce, un hacker plutôt balèze avec un smartphone, dont les activités auront des conséquences tragiques sur sa famille proche. Du coup, Aiden n’est pas content. Il décide de s’entourer de mercenaires du clavier et de la souris et s’en va-t-en guerre contre les individus les plus puissants de Chicago.

Watch Dogs

Car oui le jeu se déroule dans une reproduction plutôt fidèle de Windy City. Et le résultat est très convainquant : le Chicago de Watch Dogs est vaste, vivant et agréable à parcourir. Les paysages sont variés, entre les gratte-ciels du quartier d’affaires jusqu’aux logements abandonnés des quartiers pauvres, en passant par la campagne et ses chemins de terre taillés pour le motocross.

Watch Dogs

C’est dans ce décor que Aiden Pearce devra mener à bien sa mission d’une façon plutôt subtile et inédite : en utilisant principalement son smartphone. Car oui, la ville de Chicago a cédé aux sirènes du flicage à outrance de sa population. Elle s’est dotée d’un réseau de surveillance du nom de CToS, et c’est à travers le piratage de ce dernier que Aiden Pearce pourra résoudre des affaires, gagner de l’argent ou accéder lui-même à des informations personnelles ou aux caméras de vidéo surveillance qu’on retrouve presque partout dans la ville.

Welcome to GTHack

Watch Dogs assume complètement son statut de GTA-like. Comme son ainé il permet de se procurer n’importe quel véhicule (voiture, moto, utilitaire, bateau…), d’acheter des armes, des munitions, de nouveaux vêtements, et de participer aux fameuses activités que tout jeu à monde ouvert se doit de proposer. Une mention particulière au Jeu à Boire, véritable source de crises de nerf pour ceux d’entre-vous qui pratiquent la chasse au trophée Platine 🙂

Watch Dogs

Le danger numéro un dans tout GTA-like est de proposer des activités secondaires peu intéressantes, et donc que le joueur se retrouve à errer sans but dans une ville gigantesque mais ennuyante. Ce n’est pas le cas avec Watch Dogs. Certaines activités secondaires comme les Escortes Criminelles ou les Contrats de Fixeur sont très agréables à jouer car ils permettent de participer à des poursuites automobiles en utilisant les capacités de hacking de Aiden. Ce dernier peut ainsi pirater les feux tricolores, faire exploser les conduites souterraines, faire lever des ponts, ouvrir ou fermer des barrières et dresser des plots. Autant d’obstacles pour éliminer un à un les véhicules ennemis ou les voitures de police lancées à sa poursuite. Jouer à ces missions devient d’ailleurs très divertissant quand on commence à bien maîtriser ces actions (mis à part la musique horrible qui rythme les Contrats de Fixeurs !).

Watch Dogs

Les autres missions secondaires proposent de résoudre des casse-têtes pour s’introduire dans le domicile d’inconnus via leurs webcams, de résoudre une série de meurtres en ville et d’analyser une série de QR Code disséminés ça et là à travers la ville de Chicago. Bref, on ne s’ennuie pas un seul instant. J’ai trouvé cette liste de missions secondaires plutôt plaisante à jouer, très originales et bien adaptées au contexte de Watch Dogs.

Furtif comme Aiden

Concernant le scénario principal, même s’il ne brille pas par l’originalité de son histoire et de ses personnages (la façon dont Aiden va à la recherche de T-Bone Grady rappelant étrangement celle dont Michael retrouve Trevor dans GTA V), c’est par son gameplay furtif qu’il se démarque. Ubisoft avait déjà introduit quelques intéressantes séquences d’infiltration dans Assassin’s Creed : Black Flag, ils reviennent à la charge (pour mon plus grand bonheur !) avec Watch Dogs. Il est en effet possible d’aborder presque toutes  les missions de deux façons : la manière directe qui consiste à dégainer son arme automatique de prédilection et d’attaquer les ennemis frontalement en tentant de les éliminer tous, et la manière plus subtile qui est clairement privilégiée par l’esprit du jeu et qui consiste à utiliser les capacités de hacker de Aiden pour lui faciliter la tâche.

Watch Dogs

Concrètement, avant d’attaquer une zone ennemie, Aiden peut se servir de son smartphone pour pirater les caméras de surveillance, repérer tous les ennemis présents (ce qui les fera apparaître sur la mini map), et surtout identifier leurs points faibles. Ainsi, il sera possible de faire exploser la grenade que portent certains mercenaires, de les empêcher d’appeler des renforts, ou de les assourdir pour les approcher en toute sécurité et les éliminer via des attaques au corps à corps plus discrètes que les armes à feu. En combinant les capacités de piratage et de furtivité de Aiden, il est parfois possible d’accomplir une mission entière sans déclencher la moindre alarme. Lorsqu’on y arrive, c’est vraiment gratifiant.

Watch Dogs

Aiden est également très agile. A l’instar de ses cousins de la série Assassin’s Creed il est capable de mouvements de parkour et de chevauchement. Il est d’ailleurs intéressant de noter qu’il dépasse le maître GTA sur l’aspect des missions en intérieur, où ses capacités de mise à couvert et de passage d’une couverture à une autre s’avèrent être très utiles.

Un Multi inégal

Je n’ai pas l’habitude de me passionner pour le mode multi des jeux proposant une riche expérience solo. Il faut pourtant souligner que celui de Watch Dogs est vraiment intéressant, en net progrès par rapport à celui des derniers Assassin’s Creed. Ainsi, deux modes multi m’ont particulièrement intéressé : les modes Piratage en ligne et Filature en ligne. Dans chacun de ces derniers Watch Dogs propose de s’introduire littéralement dans la partie d’un autre joueur et de le perturber en le suivant ou en piratant son terminal. Commence alors une véritable partie de cache-cache où l’adversaire tente de vous identifier parmi la foule des passants en un temps limité. Plus le temps passe, plus la zone de recherche diminue, ce qui rend la cachette du hacker de plus en plus évidente… Bref un joli moment de tension en ligne à un contre un, qui s’avère être très gratifiant lorsqu’on réussit un piratage parfait.

Watch Dogs

Oubliez par contre le mode Course en ligne qui est complètement chaotique en plus de souffrir d’un lag rendant l’expérience franchement désagréable (surtout qu’il nécessite un compte PS Plus).

Conclusion

Le pari était osé et il est pour moi réussi. Ubisoft a pris le risque d’introduire une nouvelle licence, avec un gameplay unique, dans une catégorie où règne en maître l’épouvantail GTA. Alors non, l’élève n’a pas encore surclassé le maître, surtout sur le plan du scénario et du charisme des personnages, mais Watch Dogs propose une expérience riche et souvent prenante (y compris en ligne) qui va même jusqu’à surpasser la série de Rockstar sur les aspects furtivité et missions en intérieur. C’est en tout cas suffisant pour prouver le savoir faire et la maturité d’Ubisoft en matière de jeux à monde ouvert en environnement urbain. L’essai est transformé, reste à le confirmer avec davantage de profondeur lors de la prochaine itération.
Les plus
  • Belle utilisation de la furtivité
  • Missions secondaires originales et intéressantes
  • Modes en ligne joliment intégrés au mode solo
Les moins
  • Aiden n’est pas attachant et le scénario ne brille pas par son originalité
  • La campagne principale pourrait être plus longue
Note : 4/5