Pour ceux qui l’ignoreraient, Trails of Cold Steel découle de la longue série de J-RPG The Legend Of Heroes (1989). On connaît celle-ci en France principalement grâce aux épisodes PSP, et notamment la première partie de la trilogie Trails in the Sky, que je vous recommande chaudement. Trails of Cold Steel se démarque de ses aînés dans la mesure où il s’agit du premier Legend of Heroes à être en Full 3D.
Cet énième épisode est un peu la réponse de Falcom au Final Fantasy Type 0 de Square Enix, avec un soupçon de Persona 3 et 4 d’Atlus. Voyons donc si ce dernier opus de The Legend of Heroes parvient à balancer un méchant coup de Katana à ses modèles.
Rean Schwarzer, tout récemment admis à l’académie militaire de Thors est l’un des rares élèves à s’être retrouvé dans la classe VII, une classe un peu spéciale. Outre la particularité d’avoir ses membres tous vêtues d’un uniforme rouge, la classe VII réunit à la fois les nobles et les roturiers, autrement dit celle-ci mixe les classes sociales.
Sur le continent d’Erébonia, qui mêle divers influences Steampunk et S.F, les nobles disposent des pleins pouvoirs, ce qui ne manque forcement pas d’irriter la plupart des membres de classe dépourvus d’un titre de noblesse. Je vous laisse la surprise de deviner de quelle classe sociale fait partie notre héros.
Simulation estudiantine
Trails of Cold Steel est pourvu d’un petit coté qui n’est pas sans rappeler Persona 3 ou 4, ajouté au fait que l’on évolue dans un établissement scolaire. Cette impression se fait notamment ressentir à cause du semblant d’emploi du temps à gérer.
Mais même si l’idée semble à priori la même, celle-ci se révèle beaucoup moins intéressante que dans les 2 valeurs sures d’Atlus. Le concept est ici beaucoup plus dirigiste et le choix de passer du temps avec vos camarades de classe, est beaucoup plus restreint.
De plus, contrairement à eux, vous n’aurez pas le loisir de rejoindre l’un des nombreux clubs de l’académie, ce qui n’est au final pas si grave dans la mesure où les liens affectifs que vous tisserez avec vos amis n’auront pas grande incidence sur le gameplay. A la place vous devrez vous cantonnez à rendre des services en tant que membre du conseil de classe.
Ces derniers prendront la forme de quêtes « Fedex », la plupart du temps sans intérêt, comme cherchez des fleurs pour une camarade, livrer un colis, transmettre un message, etc.
Comme je le disais précédemment, ce nouveau Legend of Heroes se rapproche également de Final Fantasy Type 0, dans l’idée en tout cas, car vous y dirigerez une bande d’étudiants à l’école militaire dans un contexte politiquement tendu. Mais contrairement au titre de Square Enix, le fan service lié a l’animation japonaise y est un peu plus présent, ainsi, vous n’échapperez pas au coup de la jeune fille aux proportions démesurées qui chute par inadvertance sur le héros, sans oublier au préalable de lui balancer ses deux énormes protubérances en pleine face. (#LeJapon.)
Les « Orbs » : Contrefaçons Erébonienne des Materias.
Heureusement Trails of Cold Steel dispose d’arguments, autres que mammaires (au revoir Hyperdimension Neptunia) pour convaincre les RPGiste en manque de bons systèmes de jeux.
Tout comme la série des Trails in the Sky avant lui, celui-ci puise dans le système des « Orbs ». Pour résumer grossièrement, cela ressemble à peu de chose prêt au système de Materia de la septième fantaisie. La différence repose dans le fait que les « Orbs » ne s’insèrent pas dans vos armes et armures mais dans un boitier prénommé ARCUS, que chaque élèves a à sa disposition.
L’ARCUS dispose d’un certain nombre d’orifices dans lesquelles il vous faudra placer des « Orbs » de magies ou autres, vous permettant de faire office de « Buff » d’attaque, de défense, ou encore vous permettant de révéler les coffres sur la carte, etc. Néanmoins, Vous devrez également débloquer certains orifices sur l’ARCUS pour les divers types d’ « Orbs » existantes.
Pour revenir à l’histoire, celle-ci raconte l’ascension de la classe VII au sein de l’académie militaire de Thors. Mais plus que se concentrer sur l’horreur de la guerre au détriment de ses personnages, à l’instar de FF Type 0, Trails of Cold Steel décide de s’intéresser à ses héros, parfois même au risque d’ennuyer le joueur devant un scénario qui ne décolle jamais vraiment mais qui prend au moins le temps d’étayer une gallérie de protagonistes aux caractères hétéroclites. Certains cachent d’ailleurs quelques bonnes petites surprises.
Bien que le casting de héros semble à priori aussi cliché que leur design, les interactions entre ces derniers au sein de la classe VII s’éloigne petit a petit des conventions inhérente au J-RPG pour proposer quelque chose d’intéressant à défaut d’être bien original.
Ainsi Trails of Cold Steel est un RPG trompeur dans sa démarche esthétique, là où son habillage semble parler directement aux Otaku friands de petites culottes et de lycéennes écervelées, le jeu décide de se servir du contexte lié à la vie estudiantine afin de faire entrer progressivement une bande d’adolescents dans le monde cruel de la guerre, irrémédiablement contrôlée par les adultes. Le souci est qu’il vous faudra donner entre 30 et 40 heures de votre temps pour que l’histoire se réveille enfin…
Autre problème de Trails of Cold Steel contrairement à ses aînés : vous serez limité à faire des allers retours entre Trista (la ville où repose l’académie de Thors) et votre école. Rare seront les moments où vous aurez véritablement l’impression de voyager, hormis pendant les examens pratiques qui auront lieu sur le terrain, dans d’autres villes souvent éloignées de Trista. Même constat pour les donjons qui préservent un level design peu inspirés.
Les problèmes liés à la narration résultent du fait que Trails of Cold Steel est le premier épisode d’une trilogie, tout comme l’était Trails in the Sky. Ainsi, le titre prend le temps (un peu trop d’ailleurs) pour nous présenter les personnages et leurs ascensions au sein du groupe. Gageons donc que tous ces problèmes seront corrigés avec le second épisode.
Même si le Character Design est assez classique et parlera surtout aux habitué de Japanim’, la modélisation aurait pu être encore affinée, les modèles 3D rendent beaucoup moins bien que leurs artworks dans les menus. Le design de la plupart des armes est quant à lui très réussi.
Techniquement, même s’il est le premier The Legends of Heroes à être en full 3D, Trails of Cold Steel part forcement avec un train de retard pour Falcom puisque c’est face a un jeu PS3/PS Vita sorti au Japon en 2013 que l’on a à faire, même si celui-ci est au demeurant correct pour la console portable de Sony, il reste tout de même inférieur graphiquement à un Persona 4 The Golden sortit il y a maintenant 4 ans.
Tactical Link System
Pour leur jour d’entrée à l’académie, Rean ainsi que ses 8 comparses fraîchement débarqués vont être précipités dans un exercice d’orientation qui n’a pour but que de vous apprendre les bases du système de combat.
Ça tombe bien, car le système de combat est l’un des points fort du jeu. Pour ceux qui ne connaîtraient pas la série des Legend of Heroes, celui-ci pioche dans le J-RPG traditionnel au tour par tour ainsi que dans le Tactical RPG pour le placement des personnages sur la zone de combat.
Vous disposez d’une sorte de frise vous montrant l’ordre de passage des alliés et des ennemis (rappelant notamment FFX), selon l’action que vous préparez, le tour du personnage peut varier sur cette frise, concrètement, si vous sélectionnez un sort puissant il est possible que votre tour passe derrière celui d’un ennemi. La petite différence avec FFX est que selon votre ordre de passage certains bonus vous sont octroyez, par exemple une régénération des HP, l’obtention d’un coup critique, la consommation nulle d’un sort, etc.
Cette frise chronologique des personnages n’est pas le seul point stratégique des combats. En effet le placement de vos alliés sur le champ de bataille a lui aussi son importance car il est possible que certains ennemis soient hors de votre portée, à partir de là vous devrez décider de rapprocher votre combattant du nuisible pour l’attaquer au tour suivant, en prenant garde à ce que celui-ci ne réussisse pas à porter le premier coup. De nombreuses magies à effet de zone joueront également leur rôle sur la position des héros sur le champ de bataille, prenez donc garde à ne pas trop serrer les rangs de vos alliés, au cas où un ennemi aurait la bonne idée d’envoyer une attaque ayant un champ d’action assez large.
En termes de nouveautés, le Tactical Link System fait son apparition. Ce concept permet de lier 2 personnages en combat, selon le niveau d’affinité qui correspond au nombre de temps passé avec vos camarades sur le terrain ou à l’académie, vous aurez la possibilité d’enchaîner un combo après votre allié sans passer votre tour. Plus vos niveaux d’affinités sont élevés est plus vous débloquerez des attaques puissantes.
Les fans l’auront sans doute compris, il n’y a pas beaucoup de nouveautés en terme de combats mais ces derniers restent très efficaces et mieux réalisés que dans les épisodes précédents. On pestera tout de même contre les temps de chargement d’environ 5 secondes avant et après chaque combat.
Tout comme dans les autres épisodes de la franchise, on pourra également reprocher aux combats leur rythme, car ces derniers dureront en moyenne entre 1 à 3 minutes, ce qui est au final assez long surtout lorsqu’on les enchaîne. Néanmoins leur difficulté est savamment dosée, notamment lors des combats de Boss ou cela se joue souvent à un cheveu prêt.
Terminons sur une touche musicale. Tout comme pour de nombreux titres de Falcom (Y’s en priorité), la majorité des pistes pendant les combats dégagent une patate folle. Le reste des pistes oscillent entre les réussies jusqu’aux musiques d’ascenseurs, mais globalement la plupart des thèmes restent largement audibles.
Il est néanmoins étrange de constater que le héros n’est pas doublé durant certains dialogues (peut être uniquement sur PS Vita), ce qui ne chagrinera pas outre mesure les amoureux de la langue de Haruki Murakami, puisque le jeu n’est doublé qu’en Anglais. Au final nous avons droit à une qualité de doublage très inégale, même parmi les personnages principaux.
Conclusion
Malgré ses carences graphiques et son rythme scénaristique mollasson, Trails of Cold Steel reste un bon J-RPG, qui n’a que pour gros défaut d’avoir était localisé tout récemment alors que le titre était sorti sur l’archipel Nippon depuis plus de 3 ans. Même si celui-ci reste un poil inférieur à la plupart des The Legend of Heroes, il mérite tout de même votre attention, en partie grâce à sa galerie de personnages qui gagnent en épaisseur aux fils des heures, ainsi qu’à un système de combat efficace, accompagné de musiques qui détonnent.
Si vous possédez une Vita, celle-ci vous remerciera de la dépoussiérer, surtout lorsque l’on sait que le nombre de J-RPG sortis en Europe sur la console portable de Sony se comptent sur les doigts d’une main. On espère que le second épisode de Trails of Cold Steel (déjà prévu sur l’hexagone pour 2016) relèvera la barre bien haute et permettra de populariser définitivement chez les adorateurs de jeux de niche cette série injustement méconnue.
Les plus :
- Aspect stratégique des combats
- Des musiques qui ont de la patate
- Une durée de vie supérieure à 40 heures
- Difficulté très bien dosée
Les moins :
- Chargement avant chaque combat
- Le héros partiellement doublé
- Pas de voix japonaises
- Pas de traduction française
Note : 3,5