Le PlayStation Meeting a eu lieu la semaine dernière à New York et il a donné lieu à l’annonce de deux nouveaux modèles de PS4. Un premier modèle plus compact que le modèle actuel mais aux caractéristiques identiques, et qui le remplacera dès le 16 septembre en France tout en conservant le même nom. Mais surtout un modèle aux caractéristiques plus évoluées et qui porte le nom PS4 Pro. Cette dernière soulève beaucoup de questions et de doutes, au point de constituer certainement la première erreur stratégique de Sony de l’ère PS4.
Le PlayStation Meeting avait pourtant bien commencé avec une mise en avant des alléchantes technologies 4K et HDR. Ainsi donc, la PS4 Pro qui bénéficie d’une puissance brute très supérieure à celle de la PS4 (environ 2,25 fois plus puissante) sera capable d’afficher plus de détails dans les jeux, des textures bien plus belles, moins d’aliasing et surtout de garantir un framerate élevé et constant. Pour les amoureux des specs voici une comparaison des puissances de calcul des consoles actuelles ou annoncées.
Xbox One | 1,31 teraflops |
Xbox One S | 1,4 teraflops |
PS4 | 1,84 teraflops |
PS4 Pro | 4,14 teraflops |
Project Scorpio | 6 teraflops |
Seulement voilà, la PS4 Pro n’est pas une PS5. Elle appartient à la même génération de consoles de salon que la PS4 et doit donc assurer une compatibilité à 100% avec cette dernière au point de partager les mêmes jeux et le même PSN. Ceci n’est pas sans impacts. Par exemple les jeux avec un mode multi ne pourront pas afficher un framerate plus élevé sur PS4 Pro afin de ne pas avantager les possesseurs de cette console au dépend des joueurs PS4. De plus, la promesse de jeux plus beaux reste très vague puisqu’elle dépend entièrement de la bonne volonté des studios de patcher leurs jeux existants ou de développer en prenant en compte les spécificités des deux versions de PS4. On peut imaginer que les principaux studios joueront le jeu alors que d’autres seront plus fainéants et n’ajouteront que quelques effets par-ci par-là pour obtenir le sceau « PS4 Pro Enhanced » que leur promet Sony.
Plus grave : contrairement à l’obscur Projet Scorpio de Microsoft dont on ne connait que quelques specs, la PS4 Pro n’est pas une console 4K. Malgré le discours marketing bien rodé d’Andrew House, cette dernière ne sera pas capable de délivrer des jeux et de gérer des textures en 4K native. Aucune console à 399€ ne le peut. La PS4 Pro va plutôt mettre à profit sa puissance de calcul pour embellir des jeux nativement en HD, et les upscaler à l’aide d’un algorithme pour en faire des images 4K. On peut alors se demander quelle différence avec l’upscale réalisé par les TV 4K actuelles sur les jeux PS4 ? La PS4 Pro proposera également un rendu HDR sur les téléviseurs compatibles mais la même fonctionnalité arrive sur tous les jeux de la PS4 actuelle dès cette semaine via une mise à jour du firmware.
Enfin, et c’est la goutte qui fait déborder le vase, on a appris à l’issue de la conférence que la PS4 Pro ne comportera pas de lecteur de Blu-ray 4K. Une décision incompréhensible et qui a généré beaucoup de déception auprès des fans de la marque. Sony a effet toujours utilisé ses précédentes consoles pour populariser un format de support vidéo (DVD, Blu-ray HD), voire pour imposer son propre standard au dépend de la concurrence (Blu-ray contre HD DVD). Alors oui, la PS4 Pro pourra afficher du contenu vidéo en 4K, mais seulement en streaming à partir de sources comme Netflix ou YouTube dont les versions compatibles 4K sont en cours de développement. C’est une vraie déception pour les amateurs de vidéo qui trouveront peut-être refuge auprès de Microsoft qui a équipé la Xbox One S d’un lecteur de Blu-ray 4K.
Mais alors à qui s’adresse la PS4 Pro ? D’après Sony elle serait destinée « aux hardcore gamers et aux possesseurs de TV 4K ». Les premiers attendront certainement d’en savoir plus sur la plus-value de cette nouvelle console en terme de gameplay, quant aux seconds – qui sont encore largement minoritaires en France – il se tourneront certainement vers une console capable de lire des disques Blu-ray 4K. Reste les futurs acquéreurs du PS VR qui auront certainement une expérience de jeu plus confortable grâce à la PS4 Pro grâce au framerate et au nombre de pixels plus élevés qu’elle est capable afficher. Pour les possesseurs d’une TV HD comme moi ou ceux qui attendaient une PS5, la PS4 Pro apparaît comme largement dispensable. Dommage. Sony a raté une occasion de frapper un grand coup et mettre tout le monde d’accord avec une console capable de nous faire franchir un cap technologique, en démocratisant l’accès aux Blu-ray 4K. Au lieu de ça, la PS4 Pro apparaît comme une console intermédiaire, au positionnement approximatif et aux specs insuffisantes pour être futur proof.