Chronique bande dessinée En chienneté – Tentative d’évasion artistique en milieu carcéral

C’est une plongée, par le trou de la serrure, dans le milieu de la détention de mineurs, que nous délivre Bast durant En chienneté – Tentative d’évasion artistique en milieu carcéral (La Boîte à Bulles). De par son expérience à travers des ateliers sur place. Avec une préface de Dominique Simonnot, qui en sus de son parcours notamment de journaliste, est actuelle contrôleure générale des lieux de privation de liberté. Et une postface de Gabi Mouesca, ancien prisonnier y ayant passé 17 ans tout en en attendant 16 pour être jugé. Agissant maintenant dans la, nous citons « préparation du retour des prisonniers politiques basques et des exilés ».

En chienneté - Tentative d’évasion artistique en milieu carcéral

Auteur de bandes dessinées et à la fois professeur en collège, Bast avait eu l’opportunité, sous la demande du Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation de Gironde, de monter des ateliers dessins il y a un bon paquet d’années. Précisément, en compagnie de détenus mineurs à la Maison d’Arrêt de Gradignan, durant 3 ans.

Cependant, s’il n’a eu l’occasion de faire de même avec les plus de 18 ans, séparés des jeunes, l’auteur nous confie tôt dans l’ouvrage, mais également par la suite, plusieurs informations. Tant sur les prisons pour adultes, notamment leur capacité « d’accueil » complètement explosée par la quantité de personnes. Que les divers projets de structures pour mineur.e.s. Même si ici, il ne s’agira que de garçons. Avec des relevés statistiques récents et non d’époque.

Des garçons rêvant d’ailleurs souvent en voyant passer une femme. Un sujet les obnubilant, comme leurs œuvres l’attesteront. Avouons qu’il s’agit du cas de beaucoup d’adolescents et que cela montre bien que rien n’est différent. Enfin pas exactement, car les lieux ne laissent grandement la place à l’imagination. Même s’il est normal que ce ne soit un lieu de villégiature. En revanche, avoir des idées, des envies, plutôt que l’enferment ne fasse qu’à leur sortie ils soient encore plus refermés, sans but hormis celui de recommencer tant l’horizon semble inexistant et aucune confiance en leurs capacités, risque fatalement de les renvoyer à la case prison. Ce qu’on constatera.

Des moments de vie entre humour et émotion et forcément des drames. Même si Bast n’a le droit de parler des raisons de leur condamnation et autres particularités. Une page imaginant les diverses situations interdites, s’avère justement très drôle. Néanmoins, il en saura certaines d’une manière ou d’une autre, sans le désirer. Tout en découvrant les codes de la prison. Pas ceux des portes mais des détenus, avec leurs classes non pas sociales mais de crimes…

Au milieu de tout cela, leur « professeur » souhaitera les voir s’exprimer au travers de leurs œuvres, peu importe leurs capacités. Et progressivement évoluer d’atelier en atelier, afin de créer un vrai projet de B.D., comme en cours classique. Cependant, difficile quand les élèves ne peuvent toujours répondre à l’appel. Parfois pour une bonne raison, parfois pour une triste.

Conclusion

Son humour, car les personnes n’en manquent évidemment pas, Bast crée même des séquences appuyées par le dessin très drôles, proposera certes un moment de liberté. Mais bien entendu, En chienneté – Tentative d’évasion artistique en milieu carcéral nous révèlera en outre une dure réalité. Tout en voyant l’auteur chercher à offrir d’autres biais de communication pour ses élèves, qui n’ont forcément eu le temps de grandir.