Chronique bande dessinée Portraits

Selon l’expression consacrée, les petites histoires font la grande. Précisément, on pourrait dire que les histoires personnelles, et non petites, font celle connue, collégiale. Typiquement l’alchimie que Nikos Tsouknidas compte tirer de Portraits (Dargaud), traduit par Jérôme Wicky.

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À l’heure où les technologies numériques débordent et nous engloutissent, la facilité d’accès a tendance à faire oublier aux utilisatrices/eurs leurs origines. Comme celles de la photographie, un médium, un art, s’exécutant désormais en une pression, avec une myriade d’effets.

Complètement excité, affolé, par son invention (sans omettre le travail de Joseph Nicéphore Niépce) qu’il tient pour l’instant à garder secrète, Louis Daguerre rend visite à son ami Takis en cette année 1838. Le seul envers qui il paraît avoir assez confiance. Autant pour éventuellement l’améliorer, qu’en vue de trouver le véritable objectif de cette machine. La Camera Obscura !

Pourtant, ce contrat de confiance sera vite ébranlé. Le désormais confident, laissant cette machine capable de capturer des instants de vie, à son assistant. Le jeune Marko, bricoleur semble-t-il de génie, à un virage (à vélo, vous comprendrez pourquoi) de son propre parcours.

La période charnière, où il doit décider s’il quitte son île, ses odeurs, ses proches, pour partir étudier loin d’ici. À l’instar de sa sœur Io, revenue par surprise après 3 ans à Vienne. Mais dans quel but ?

C’est un diaporama sur la famille, l’amitié et l’attachement à encore plus que des personnes, qui défile devant nous. Tout en voyant le garçon chercher à comprendre l’objet. Devenu si mythique et important à notre époque, et le rendre plus performant, pour mieux conserver les moments d’une vie qu’il ne connaîtra plus s’il s’exile. Un déchirement palpable comme un instantané !

Conclusion

Mélangeant dans la chambre noire une aventure humaine, avec celle de la création et philosophie de l’appareil photographique, Portraits s’avère un roman graphique pas du tout cliché ! Les émotions nostalgiques en remontent, en plus du zoom sur des thèmes forts, dont la situation des femmes, mais toujours en voyant plus loin. Cette bande dessinée se relevant toujours du négatif !