Chronique bande dessinée Salamandre

Histoire semi-autobiographique d’I.N.J. Culbard, traduite par Cédric Calas, Salamandre (404 Éditions) nous plonge davantage dans les bas-fonds de l’humain.e, que dans celui des océans. Transposant une partie de sa jeunesse dans le marasme de la Pologne sous Jaruzelski et ses voyages en Angleterre lui démontrant les différences, au sein d’un univers fantastique.

Salamandre

Du haut de sa dizaine d’années, Kasper Salamandre vit des récits d’aventures sous-marines de son père et de dessins, où il retranscrit les scènes contées à sa façon. Voire des fabulations, tant son papa n’hésite pas à évoquer un kraken auquel il a dû faire face. Rien de mieux pour l’aider à imaginer des B.D., avec son super-héros : Swann Salamandre. Soit une passion pour l’illustration et à la fois une transmission entre un père et son fils. Cependant, alors qu’il partait en mission aussi incroyable pour lui, que dangereuse, il disparaîtra. Bien qu’aucun corps n’ait été retrouvé.

Notre jeune héros et sa mère se retrouveront fatalement dans l’horreur d’une perte. Faisant même disparaître son goût pour l’art, voire pour tout, tant son père était son inspiration, en plus du drame. Afin de tenter quelque chose, plutôt qu’il ne continue à se morfondre, sa maman l’envoie chez son papi. De l’autre côté du voile de fer. C’est à peu près aussi épais et sinistre qu’un rideau de fer.

Là-bas, la liberté n’existe que peu ou prou. Et les arts y sont formellement interdits. Pas de musique, tableaux recherchés pour être brûlés, de la littérature approuvée par le gouvernement de l’Empereur… Et que dire du sort réservé aux fleurs, dévolues aux nanti.e.s ? Rapidement, il devra apprendre à vivre et se méfier de chacun.e au sein de ce régime totalitaire. Où l’espionnage, les petits arrangements et une rumeur comme quoi les interrogatoires peuvent vous retirer des souvenirs, s’avèrent omniprésent.e.s.

Salamandre

Afin de le guider, il pourra compter sur Delphine, grosso-modo sa cousine. Drôle, piquante, intelligente, on adore ses scènes toujours captivantes. Mais on ressent également son émotion, sachant très bien qu’elle vit dans un pays d’oppression. Et rêvant d’être libre, à l’instar de Kasper et de celles et ceux qui ignorent généralement leur chance. Pour notamment pouvoir lire ce qu’elle désire. De même qu’une autre importante protagoniste artiste, qui dessine, sculpte, loin de tout à cause du courroux pesant sur l’art. Mais également pour s’éloigner des autres, hormis des chat.te.s, essentiel.le.s dans cet ouvrage, comme dans la réalité.

Ces deux personnes, ainsi que les évènements tumultueux qu’il vivra, ouvriront peut-être une voie afin qu’il réussisse à vivre malgré ce chagrin, ce vide. Et même reprendre sa passion ?

Conclusion

Tout un tas de sentiments se bousculent à la lecture de Salamandre. Émotion familiale, perte d’un être cher, dictature… Une bande dessinée qui secoue, mais à la fois emplie de vie !