Retournons au cœur de l’imaginaire tortueux et torturé de la B.D. de Garth Ennis (scénario), Goran Sudzuka (dessin) et Ive Svorcina (couleur), traduite par Philippe Touboul. A Walk Through Hell T2 (Black River) voyant les horreurs et questions s’emballer. Au sein de sordides sujets, pourtant si banals tant quotidiens dans notre réalité.
En revanche contrairement à chez nous, la dose de fantastique s’avère bien plus concrète, au moins en apparence. Même si non établie et donc impensable. Toujours coincé.e.s dans cet entrepôt paraissant sans fin, à moins que leur vie ne soit elle déjà arrivée à terme, Shaw et McGregor continuent de se demander jusqu’où il les entraîne. Mais également si ce qu’iels ont vu jusqu’à présent est réel. Et tout bonnement si elle et il n’ont pas trépassé, à moins qu’il ne s’agisse d’un délire. Tout comme cette fameuse cathédrale, au sein de laquelle les partenaires du F.B.I. débarquent. Sans raison rationnelle et pire encore, celle-ci leur rappellera progressivement celle d’une histoire de la directrice adjointe Driscoll. Cette dernière devenant une pièce-maîtresse de ce second volume. Quasi tout autant que celui qui les mène vers cette voie. Rien de moins que le suspect relâché d’une énorme affaire, avant un certain évènement découvert lors du premier tome, qu’évidemment on garde secret si besoin.
Soit cet ignoble Paul Carnahan, qui nous apprendra le récit de ses « aventures » et de l’ampleur autour. Avec une folie dogmatique donnant envie de lui rabaisser son clapet, à l’instar de ce que désire constamment faire notre héroïne. L’agente spéciale l’héroïne et non la substance éventuellement évoquée au cours de cette bande dessinée… Parallèlement, cette balade en enfer leur fait revivre d’importants, voire horribles moments, les conduisant à ce jour. Leur jeunesse, des périodes de l’enquête, leur approche relationnelle difficile… Entre ces séquences, en outre des discussions avec le monstre imbu de lui-même dont on se demande ce qu’il se cache réellement (ou surnaturellement) derrière et les passages en révélant davantage sur leur boss, de nombreuses thématiques importantes seront soulevées.
De la xénophobie de moult sortes ! Entre homophobie, du racisme de toutes les « couleurs », meurtres, viols, pédophilie… La violence sans tuer également là, passerait presque pour un acte de douceur dans ce monde de brutes. Et pourtant tellement crédible, bien qu’enrobé d’une teinte de polar SF. Enfin, bonus qu’on adore, plusieurs pages de processus de création termineront la lecture.
Conclusion
Si vous trouvez qu’A Walk Through Hell T2 La Cathédrale s’éparpille à traiter de tant de thèmes horrifiques, contrairement à la majorité des livres se concentrant sur un ou 2, c’est que vous vous voilez la face sur notre propre monde. Dont l’ignominie non pas présente à chaque coin de rue, mais sur quasi toute la rue, se retrouve pleinement dans cet ouvrage percutant comme il se doit. Avec énormément de questions troublant ses actrices et acteurs. Alors qu’au-dessus, on semble se jouer de toutes ces personnes…