Avouons qu’en vous alpaguant avec l’appellation roman, nous sommes de facétieux malandrins. Car concrètement Malfaiteurs du Paris des Merveilles (Bragelonne) s’avère un recueil de nouvelles, ce qui ne retire rien à l’éventuelle qualité de l’ouvrage. Juste au lieu d’une aventure sur son intégralité, on en retrouve plusieurs. Avec, pour ce retour dans l’univers cher à Pierre Pevel auteur de l’histoire d’ouverture, Bénédicte Vizier, Irène Korsakissok, Annaïg Le Quellec, Tiphaine Levillain et Charlie Eriksen.
Le livre débute par Un gnome pas comme les autres, de Pierre Pevel. Où, si vous connaissez la bande dessinée Les Artilleuses (Drakoo) de Pierre Pevel et Étienne Willem, vous y retrouverez les principaux protagonistes. Soit les 3 artilleuses (ndla : le correcteur orthographique annonce une faute et n’accepte qu’artilleurs, que faut-il en tirer ?), de retour à Paname. Mais pas trop le temps de se la couler douce. Bien que théoriquement, elles venaient pour que l’une d’elles puisse se ressourcer. Tout en restant à couvert des autorités ne les ayant sûrement pas oubliées.
Déjà leur virée dans Paris la nuit ne fut pas si merveilleuse. Les lieux ont mal changé et elles semblent avoir été repérées. Reste à savoir qui est ce grand gaillard et la raison de cette poursuite. Il se pourrait que leur ami Barillet en sache plus. Cependant, les protège-t-il ou cache-t-il un secret ? Place aux filatures, à l’action et à l’humour pinçant. Non sans notre chouchou de cette première nouvelle : Tiboulon, le chien mécanique. Cet univers partagé, nous présentera à nouveau plusieurs animaux à l’esprit malin, souvent drôles, parfois avec un côté davantage taquin. Toujours dans cet amalgame identitaire, entre steampunk et fantasy.
Charlie Eriksen embraie avec Alice au Paris des Merveilles. Vous avez la référence ? Celle-ci, en compagnie d’un certain animal violet capable de se rendre invisible, répond à diverses missions. Où leurs qualités en infiltration s’avèrent primordiales. Malheureusement, les requêtes ne sont pas nombreuses. Si bien qu’elle ne fera pas la fine bouche à propos de celle peu détaillée qu’on lui amène. Précisément, récupérer des papiers dont elle se doute qu’il s’agit plutôt de les voler. Car sinon, pourquoi ne pas aller à la police ? Elle, enfin il car les gens préfèrent confier des enquêtes aux hommes, tellement qu’elle doit se grimer, part donc en repérage, puis en vol.
Alice Leroy ou son faux frère, bien qu’elle en ait de vrais, ne pensait pas que cette affaire la mènerait aux rencontres qu’elle fera bientôt.
Cette fois, la frange steampunk est pleinement déballée. En mêlant de réels inventeurs de génie, opposés l’un à l’autre.
La fantaisie, de la littérature mais également de l’art pictural, viennent colorer la toile d’Irène Korsakissok : Le gang du Chat Noir. De mystérieux évènements prennent place, concernant des peintures emplies d’émotions, de magie… Une technique que maîtrise foncièrement Gérôme, réputé comme son instigateur et pour l’avoir enseignée. Il aidera alors les autorités à faire la lumière sur les ombres planant derrière tout cela. Peut-être bien que la/le/les coupable(s) fréquentent le mystique Gang du Chat Noir ? Dont l’histoire remonte à si longtemps qu’il y a de quoi se poser des questions. Et finalement, Gérôme peut-il se fier à son entourage le plus proche ? Le suspense s’avère omniprésent, à l’instar de la magie de sa touche poétique.
Après le chat, Gris Souris d’Annaïg Le Quellec, mettant en scène Clémentine. Jeune femme connaissant le douloureux besoin de porter une prothèse pour se déplacer. Et des rendez-vous avec le médecin pas forcément emballants non plus, même si pour lui… N’allons toutefois pas trop vite en besogne. Tout pourrait éventuellement basculer, à l’annonce d’un inventeur semblant de génie. Une de ses créations, rien de moins que des ailes, permettra rapidement à l’héroïne de voler. Alors qu’on songeait que seul.e.s des chat.te.s étaient ailé.e.s dans le Paris des Merveilles. Qui plus est voler, au propre comme au figuré. Pas de son propre chef certes, mais elle se retrouvera embarquée par une femme faisant chaparder des enfants. Tel un Robin des Bois avec sa bande et vous constaterez que la référence n’est pas vaine…
Continuons à chaparder avec Savant larcin, de Tiphaine Levillain. La bande d’Andrée, encore une femme devant se faire passer pour un homme pour leur tenir, et être à leur, tête, officie justement dans la truande du genre. Néanmoins comme souvent, quand on offre un « contrat » à de telles personnes, on n’est pas regardant sur ce qui se trame derrière. Ce que son garçon de confiance, Émile, risque de payer cher. De toute façon, il n’a pas le choix. Son père est à l’agonie et tout argent est bienvenu pour peut-être réussir à payer un médecin et un hôpital.
Manque de chance, ce qu’il a dérobé et bien entendu donné en échange de la monnaie annoncée, pourrait s’avérer crucial dans la recherche médicale. On ne désire vous gâcher les surprises. Et on vous laissera par conséquent découvrir qui se cache derrière.
Le Myosotis de Bénédicte Vizier, est un métamorphe qui a beau connaître le plaisir d’une popularité en spectacle et celui d’une certaine intimité avec un homme bien placé, la découverte de ses agissements, considérés répréhensibles, changeront autre chose que son apparence. En somme, sa vie ! Et pas vraiment que la sienne. Au travers d’une machination visant les créatures de l’OutreMonde venues dans le monde que trop d’humain.e.s croient posséder. La haine s’y ressent et rend l’histoire très émotionnelle.
Conclusion
Que d’aventures palpitantes avec les Malfaitrices et Malfaiteurs du Paris des Merveilles ! Un univers aussi magique, que malfamé, en somme pas si éloigné du nôtre.