Drame national, la cascade entre catastrophe naturelle, dont l’activité humaine n’est pas innocente, et l’impact nucléaire, le tsunami de 2011 au Japon est encore bien présent. Julian Sedgwick (histoire) et Chie Kutsuwada (illustrations), nous ramènent à cette époque d’un point de vue intimiste et de ce qui en découlera, avec Tsunami girl (Bayard), traduit par Françoise Nagel.
Vivant en Angleterre de par son mix d’origines, Yūki 15 ans, part en voyage au Japon, revoir son grand-père. Un homme conservant certaines traditions, et à la fois particulièrement piquant. Notamment par ses mangas, qu’il a pu réaliser à des époques plus compliquées dans la liberté artistique. Et surtout, de par les messages transmis.
D’ailleurs sa petite-fille elle-même a toujours adoré dessiner. Cependant, divers événements bouleversent son rapport au dessin. Et plus encore très bientôt, suite au choc du tsunami. Durant lequel elle se trouvera séparée de son papy. Tout en vivant un périple douloureux, en ayant autant envie de retourner le chercher, que de s’en sortir. Si ce n’est plus, à l’instar du renard qu’elle aidera et qui s’avérera bien plus qu’une fugace rencontre.
On peut déjà vous confier qu’elle s’extirpera physiquement de ce marasme. Psychologiquement, il en est autrement, comme on le constatera quelques jours après. Et également plus tard, de retour chez elle, éminemment tourmentée. Entre ses rêves, ses pensées envers son grand-père, ses discussions avec sa mère ou encore la seule personne avec qui elle possède une relation amicale : Joel. Notre héroïne ayant des problèmes sociaux, lui créant des angoisses scolaires. Un sujet beaucoup évoqué dans la réalité, à propos du Japon. Qu’elle subit pour sa part en Angleterre. Toutefois, on y distingue un de ces liens d’appartenance, du besoin de trouver sa place, qu’elle semble avoir du mal à gérer aussi bien dans le premier, que le second pays.
Sa fugue en 2012 pour revenir sur les terres désolées et notamment comprendre ce qu’il est advenu de son mentor au niveau manga, n’en devient que plus complexe. Aventure entre réalité et fantastique, qu’elle ne vivra pas seule. Ce qui pourrait d’autant plus la faire avancer sur d’autres plans. Tout en s’enfonçant dans le danger de ces lieux contaminés.
Avec jamais bien loin Half-Wave, le héros qu’elle avait inventé. Que l’on retrouvera fréquemment, même s’il n’en sera l’unique personnage, dans des pages de manga de Chie Kutsuwada. Jonchant ainsi le roman, pour revivre certaines scènes, voire les découvrir d’une manière différente.
Conclusion
Autant un parcours personnel, qu’un drame familial renvoyant à une horreur collective, Tsunami girl émeut sans tomber dans un facile mélodrame. Et délivre en outre de l’originalité, avec cette alternance entre roman et manga.