Critique de la bande-dessinée Ignited T2 Insoumis

La bande d’adolescent(e)s doté(e)s de pouvoirs surnaturels, part en lutte tout au long d’Ignited T2 Insoumis (Les Humanoïdes Associés/H1). Kwanza Osajyefo, Carla Speed McNeil et Yanick Paquette, voient leurs concepts portés par un scénario de science-fiction de Mark Waid et à nouveau Kwanza Osajyefo, traduit par Miceal Beausang-O’Griafa, qui s’inscrit pleinement au sein d’une triste réalité. Le tout dessiné par Phil Briones.

Ignited T2 Insoumis

Suite à l’obtention de ces capacités lors de la fusillade dans un lycée d’Arizona, le soleil n’est plus au beau fixe pour Anouk, Marisol, Himari, Shai, Luther et Callum. Les 6 de Phoenix semblent pourtant avoir une bonne réaction, en décidant d’en user pour aider autrui. Cependant, le mystère plane autour de ce dramatique évènement et ses conséquences, dont cette transformation. D’autant plus qu’elle change la vie de cet escadron qui ne s’est pas choisi, notamment familiale. Les doutes et questionnements s’installent alors plus que jamais chez chacun(e). Mais comme la situation d’avant de chaque, ou presque, s’avère diamétralement différente de celle des autres, les frictions risquent de ressortir. L’unité saura-t-elle se créer ?

D’autant plus qu’en face, on connait malheureusement bien ça dans la réalité, la fronde anti-tout ce qui n’est pas exactement comme cette caste, attise la haine. Tenant évidemment pour responsables les jeunes touché(e)s par cette fameuse lumière rose, de toutes les horreurs. Et ne lui accordant aucune bonne action. Même quand d’autres personnes n’hésitent pas à déclarer qu’elles et ils en profitent pour soutenir la population et n’ont rien de mauvais. Ce qui n’est pas l’avis du propagandiste/animateur radio Smythe. Usant de l’antenne et de son impact dans les médias, pour déverser sa haine et inciter tout le monde à en faire autant.

Bien sûr, en prenant soin de lancer des rumeurs infondées et odieuses, pour entrer dans l’esprit du peuple. Ce que le Doxxer, dont la menace de révélation de l’identité des 6, accentue directement. Instaurant davantage encore de craintes dans les têtes de la troupe, par rapport à leur propre vie bouleversée, qui risque de l’être toujours plus. Notamment en ce qui concerne la famille de qui en a. Une longue scène mettra d’ailleurs en exergue cette particularité et les relations, entre tensions et émotions, en plein commissariat. Tout en faisant face à la gronde des dangereux « factivistes » et à leurs sentiments intimes, les six auront également besoin de lever le voile sur les zones d’ombres autour de leurs pouvoirs et leurs blocages. La psychiatre censée les accompagner, Dr Zhao, saura-t-elle y faire quelque chose ?

La patte visuelle de Phil Briones, nous accroche d’autant plus à l’univers d’Ignited T2 Insoumis. Les protagonistes possèdent des styles marquants et les effets lumineux en jettent ! Les lumières roses en priorité, dont Jeremy Lawson, Zac Atkinson etJeromy Cox nous régalent. Mais on ne retrouve pas qu’elles. On pense notamment à Shai, qui au travers de sa caractéristique tant physique, que surnaturelle, offre des possibilités graphiques démentes. Aussi bien dans son design selon ses mouvements, mais aussi par son halo digne d’un fantôme. Qu’il espère pourtant ne pas être. En parlant de pouvoirs et illustrations, mention spéciale à une collective, pas du tout raplapla. On vous laisse le soin de la découvrir en lisant la B.D.

Cette dernière se conclue avec des bonus en coulisses. On retrouve notamment la couverture, avant et après coloration, de Lee Loughridge et Mike Norton, sélectionnée pour trôner en une. Mais aussi celles de chaque épisode de cet album. La N5 de Mike McKone et Ednane Ziane, la 6 par Humberto Ramos et Lee Loughridge, la 7 soit celle d’Ignited T2 Insoumis, la 8 par Cully Hamner, la 9 de J.G. Jones et la 10 par Khary Randolph et Mohammed Agbadi. Par ailleurs, on découvre 2 témoignages de personnes rescapées de fusillades aux États-Unis. Celles de Columbine et de la discothèque l’Orlando Pulse. Des horreurs, qui ne sont autres que le point de départ de ce livre.

Conclusion

Au-delà de son périple entre jeunes chamboulé(e)s par l’obtention de tels pouvoirs, séquences émotionnellement intimes et action propre aux comics de super héroïnes/héros, Ignited T2 Insoumis marque de son empreinte en touchant à des thèmes forts. De ceux qu’on préfèrerait ne pas voir exister dans la réalité. Mais qui sont malheureusement toujours aussi présents depuis la nuit des temps. Et changeant de mode opératoire par rapport à l’évolution de la société (comme avec les réseaux sociaux ici), mais pas de fond, pour continuer à asséner leur haine !