Critique du roman L’Amour, la Mort

La frontière entre les sentiments pourtant à l’opposée à première vue, s’avère en fin de compte aussi trouble que fragile. Une réalité retranscrite au cours des 5 nouvelles de Dan Simmons, traduites par Monique Lebailly, qui composent cet ouvrage proposé par Pocket : L’Amour, la Mort.

L'Amour, la Mort

Avant tout, notons que l’attrait pour divers genres littéraires de Dan Simmons, se ressent complètement dans cette compilation. Un bon point de base, si comme nous vous appréciez passer d’une ambiance à une autre. Et n’êtes pas du genre à vous concentrer sur un ou 2 styles. Le lit de l’entropie à minuit, ouvrira le bal. Avec une des approches les plus réalistes de ce livre. Durant laquelle une petite fille et son père sont aux sports d’hiver. Celui-ci s’en fera le narrateur, par 2 biais se succédant continuellement. Il nous contera ainsi ces vacances, ponctuées de détails tellement crédibles de vie, qu’ils renforcent l’attachement et la vision des situations. Une envie non vaine.

Un intermède familial, entrecoupé de passages où il nous raconte plusieurs de ses dossiers, en qualité d’assureur. Généralement terribles par les accidents décrits, mais non sans humour. Notamment à propos des noms des client(e)s et l’avancée à ce sujet. Et souvent également en ce qui concerne le rapport des faits. Tant dans la manière de s’exprimer, que parfois en soulignant l’amusement qu’il put avoir sur place, lors de violents évènements racontés. Pouvant se rendre hilarants pour lui, eu égard aux précisions de ce qu’il s’y est passé. Puis en basculant inlassablement sur le présent et cette descente en montagne avec sa fille, devenant de plus en plus haletante.

Mourir à Bangkok lui se consacrera à 2 périodes, mettant en scène le docteur Merrick en 1992. Et sa première visite de la ville en 1970, avec son camarade de régiment : Tres. Le duo comptant passer plus d’une nuit à Bangkok. D’ailleurs même durant le jour, les 2 compères comptent à tout prix à vivre des plaisirs nocturnes. Enfin à tout prix… Justement, les troufions s’en tirent pour pas cher et avec un service élargi, alors que le SIDA n’est pas absolument pas pris en considération. Ou presque, car Merrick le narrateur, relate que l’armée les a informés et leur fournit des préservatifs. De là à les utiliser…

Cependant, ils cherchent mieux, plus percutant ! Et Tres, moins dans la simple envie de juste enchaîner les relations faciles rémunérées que son pote, a une touche. Un lieu mystérieux, gardé secret des gens non du coin. On ne pourra en révéler davantage. Sachez juste que rapidement dans cette histoire, le docteur en 92 nous annonce qu’il a ses propres dettes de sang à régler, avant de partir en quête d’une certaine personne.

On continue notre tour du monde et des cultures, avec les légendes indiennes de Coucher avec des femmes dentues. Où on débutera à nouveau par un narrateur contemporain, âgé, nous contant certaines spécificités de sa tribu. Tout en nous relatant un évènement pleinement en rapport avec son époque. Alors que sa famille paraissait frétiller à l’idée de lui faire découvrir un film, qu’on ne vous glissera bien sûr pas dans cette chronique, elle s’est carrément plantée ! L’homme nous contera à la place une histoire de sa tribu, les Ikce Wicasa ou Sioux, précisément sur Hoka Ushte. Attiré par une demoiselle, on le suivra tenter de s’en rapprocher, avec un côté plutôt horrible et à la fois des touches humoristiques dans la chute. Rendant ces moments très troublants, à l’instar de cette série de nouvelles.

Devant par la suite se dépatouiller alors qu’il est au pied du mur par rapport à sa place, sa fonction, il s’enfonce dans de fumeuses explications. L’envoyant devoir accomplir des objectifs des plus rudes. Mais au-delà des visions et autres difficultés physiques, il se retrouvera face à des femmes potentiellement « sang pour sang » attirées par lui. Devant alors deviner qui dit vrai.

Quatrième phase de L’Amour, la Mort avec Flash-Back. Les genres s’enchaînent et ici la science-fiction, avec une pointe de polar et bien entendu d’horreur/thriller mais ça on pourrait à peu près l’affirmer pour le quintet, est de mise. Avec l’apparition de tubes permettant de revivre certaines séquences du passé. Et autant vous préciser que ces moments ne s’avèrent pas forcément très reluisants. Tout en voyant évidemment les pratiquant(e)s généralement s’en servir pour revivre d’agréables souvenirs et s’échapper du difficile quotidien. Ce dernier au sein duquel nous suivons plus particulièrement Carol, son fils Val et son père Robert. La suite nous entraînera entre scénario SF tortueux et sentiments torturés. Mêlant cette technologie et la vie de nos protagonistes.

L’œuvre se conclue avec Le grand amant, nous plongeant dans une autre forme d’horreur : la guerre ! Que l’on vit au travers de son principal protagoniste, James Edwin Rooke. De tranchées en tranchées, entre rencontres, songes, descriptions narratives et écrits de son journal intime, on ressent cette pesante et horrible atmosphère. Menant il semblerait inéluctablement, à croiser une certaine dame au charme mortel…

Conclusion

Pour prolonger ou palier à la Saint-Valentin, L’Amour, la Mort s’avère un bouquet d’histoires, au sein duquel un florissant Dan Simmons délivre des pétales littéraires de multiples styles. Cependant tous couverts d’épines, risquant de fréquemment vous piquer.