Test de 13 Sentinels: Aegis Rim (PS4)

Mètre-étalon dans le domaine de la 2D, Vanillaware n’a cessé de nous éblouir grâce à des titres comme Muramasa, Odin Sphere ou encore Dragon’s Crown. Graphiquement, les jeux du petit studio dirigé par George Kamitani ont toujours fait preuve d’une esthétique flattant la rétine, le tout accompagné d’un gameplay solide. Notre cher George semble d’ailleurs en avoir eu marre des elfes, des nains et des sorcières aux poitrines généreuses, puisque c’est la SF qui est cette fois mise à l’honneur avec 13 Sentinels : Aegis Rim.

Tokimécha mémorial

Avec 13 Sentinels, Vanillaware nous emmène dans le quotidien de plusieurs adolescents, qui seront projetés dans une histoire complexe mêlée de rencontres amoureuses, de voyage dans le temps et de combats de méchas pour la sauvegarde de l’humanité. L’action commence en 1985 et nous met dans la peau de Juro Kurabe, lycéen et fan de film de SF en tout genre. Ce dernier pense que sa passion débordante pour le cinéma de science-fiction lui fait faire des rêves étranges ou il pilote un robot géant tentant de combattre contre l’envahisseur extra-terrestre.

Mais est-ce véritablement un rêve ? Qui sont ces étranges Kaijus qui viennent envahir la terre ? Et pourquoi Juro se fait-il appelé Izumi par certains de ces camarades ? Le prologue de 13 Sentinels a le don de mettre directement dans le bain tout en distillant assez de mystère pour donner largement envie de continuer. D’autant plus que celui-ci est doté d’un excellent rythme et un parfait équilibre de jeu. On alterne rapidement entre phase d’aventure ponctuée de dialogues et phase de combats tactique.

Chaque phase n’est jamais trop longue ou trop courte et s’enchaine en passant d’un personnage à un autre. Niveau character design, Yukiko Hirai fait une fois de plus des merveilles, les héros ont tous une classe folle et sont facilement distinguable malgré qu’ils portent tous un uniforme scolaire.

  

Et comme d’habitude avec la bande à Kamitani, le souci du détail transfigurant les nombreuses animations rend honneur à chaque protagoniste. C’est passé le prologue que le dernier titre de Vanillaware pourra perdre certains d’entre vous en offrant un point de vue libre et non linéaire. En effet, les 2 phases de gameplay, aventure et combats, deviennent complètement dissociable.

Pour être précis, les combats que vous jouerez dans le mode bataille se passe chronologiquement après le mode aventure. Pourtant, vous serez tout de même amené à jongler de nombreuses fois entre les différentes phases de gameplay si vous voulez progresser. Vous aurez donc le choix entre 3 écrans de sélection, un menu « aventure » réunissant les scénarios de chaque personnage, un écran de « batailles » qui réuni tous les combats à effectuer, ainsi qu’une page de sélection « archives » se composant d’un codex et des chroniques.

Concernant le mode aventure, vous devrez décider quel personnage jouer, sachant que vous progresserez par chapitre avec de courte session (15mn) avant de revenir sur l’écran de sélection des divers héros. Parfois, de nouveaux protagonistes se déverrouilleront ou alors vous vous retrouverez bloqué jusqu’à avoir progressé dans l’écran de batailles, de codex ou encore dans le scénario d’un autre héros.

Autant être averti tout de suite, le mode aventure contient surtout de nombreuses scène de dialogues afin de faire progresser l’histoire, vous allez donc bouffer du texte en veux tu en voilà. Fort heureusement, même si certaines scènes peuvent paraître redondantes, les dialogues sont très loin d’être dénué d’intérêt. On peut regretter que quelques passages de fan service viennent parfois ternir un peu le tableau, mais les amateurs de petites culottes et de cages thoraciques surdéveloppées en auront pour leur argent.

  

Les sentinelles de l’air et de terre

Concernant le gameplay des phases d’aventures, il sera réduit à interroger votre avatar concernant un thème ou un objet précis ainsi qu’à questionner divers protagonistes selon vos indices. L’intérêt se trouve donc autour du scénario empli de mystère distillé au compte-goutte avec une certaine maestria. Car au moment où tout commence à s’éclaircir, de nouvelles questions viennent relancer le récit. Le déroulement du mode aventure est assez surprenant car vous n’avez la plupart du temps  qu’accès à de toutes petites zones, celles-ci sont d’ailleurs rarement reliées entre elles, ne vous attendez donc pas à un Muramasa niveau progression.

L’on peut supposer que les développeurs aient fait ce choix pour conserver un certain rythme de narration afin d’éviter trop d’aller-retour même si l’on évolue dans de magnifiques décors. Quotidien de lycéen oblige, les journées de la plupart des héros se répètent assez souvent jusqu’à ce qu’un twist scénaristique se produise, et le moins que l’on puisse dire c’est que ces derniers son nombreux. Kamitani s’amuse à puiser dans toute les référence cinématographiques fantastiques ou de science-fiction afin de nous pondre un scénario passionnant, surtout complexe par ses nombreuses ramifications.

  

Et c’est là que le menu des archives entre en scène, celui-ci réunit un codex dont plusieurs éléments du jeu (personnages et objets) peuvent être débloqués et dont la description est mis à jour au fur et à mesure de l’avancée dans l’histoire. Mais notamment et surtout d’une chronologie, qui comme son nom l’indique, classe tous les évènements que vous avez débloqués par ordre chronologique, à la fois par personnage mais aussi globalement. Et force est de constater que celui-ci est bougrement utile car il est souvent difficile de rattacher certains évènements entre eux.

Comme vous l’avez compris, les combats font également partie intégrante de 13 Sentinels, et avouons-le un peu, en pensant à combat de méchas tactique, nous ne nous attendions pas vraiment à ce résultat, en tout cas graphiquement. Oui, je plaide coupable d’avoir imaginé un Front Mission designé par Vanillaware et bordel ça l’aurait tellement fait… Mais la première impression fait plutôt penser à un ersatz de Fantavision, et là, ça le fait forcément beaucoup moins.

Pacific Grim

13 Sentinels rappelle un peu Grim Grimoire dans l’idée, en effet la première production de Vanillaware mettait en avant RTS et visuel 2D. Les batailles du dernier-né des studios de George Kamitani sont visuellement extrêmement minimalistes, à la limite de l’austérité. Cela est dommage dans la mesure où certains combats peuvent s’avérer très brouillon. Il faut comprendre qu’au lieu de méchas et de Kaijus à l’écran, on se retrouve avec des triangles verts pour vos robots et des amas de pixel rouges et bleus pour les ennemis. On se surprend d’ailleurs à parfois viser le mauvais ennemi dans ce capharnaüm de Kaijus.

  

Et pourtant, c’est diaboliquement fun, et il suffit de quelques combats pour nous enlever la mauvaise première impression de départ et nous plonger directement dans l’action aux commandes de nos triangles… euh de nos méchas. Pour vous expliquer plus précisément, lorsque vous entrez dans l’écran de bataille, vous devez sélectionner 6 de vos pilotes. Pour cela, un bref descriptif des ennemis qui vous attendent durant la mission pourra vous aider à faire votre choix.

C’est également sur cet écran que vous pourrez développer l’armement et les stats de vos Sentinels avant de vous jeter dans la bataille. Chaque combat n’a qu’un seul véritable objectif, protéger l’aegis (ou l’égide) se trouvant en plein milieu de la ville durant 2 minutes. A la fin de ce compte à rebours l’aegis produira une onde électromagnétique qui aura pour effet de réduire tous les Kaijus de la map à néant. Les 6 pilotes que vous n’avez pas sélectionnés serviront d’ailleurs de garde provisoire pour l’égide.

Évidemment les choses ne sont pas aussi simples et la plupart du temps, la meilleure façon d’être victorieux sera de terrasser tous vos ennemis avant les 2 minutes. Bien heureusement, les combats ne durent pas réellement 2 minutes, de part les nombreuses pauses actives dans les menus de sélection des attaques, mais le chrono se bloque également lorsqu’un assaut est lancée. Chaque pilote et sa sentinelle respective sera contrôlable après le remplissage d’une jauge de cool down, à partir de là vous aurez le choix de faire une action (attaque spécifique, buff, défense), ou alors un déplacement en plus d’une action.

  

Chaque fin de tour, vous passerez automatiquement à la prochaine Sentinels ou devrez attendre patiemment que le prochain cool down soit rempli tout en vous faisant tranquillement saucer par les nombreux ennemis. Chaque Sentinels dispose notamment de certaines spécificités selon leur génération, les dernières générations peuvent traverser la map librement, tandis que les premières devront emprunter les routes mise à votre disposition.

Il n’y a aucune limite à la distance que vous pouvez effectuer, seulement, il faut garder à l’esprit que les ennemis se déplacent en même temps que vous. Plus qu’un tactical RPG classique, on a l’impression d’un mix entre RTS à l’occidental et tactical à la sauce japonaise. En définitif, on prend un plaisir non dissimulé à exploser tous ces petits amas bleus et rouges grâce à la variété des attaques, le gameplay rapidement compréhensible, ainsi que les dialogues de nos héros qui nous immergent encore plus dans l’action.

On pourra simplement regretter des maps beaucoup trop similaires, car aussi minimalistes que puisse être ces phases d’actions, le gameplay, lui, fonctionne très bien. Seul petit conseil jouez en mode extrême si vous cherchez un minimum de résistance de la part de vos adversaires. On se réjouira de la traduction française même si là encore l’adaptation laisse parfois à désirer. Un mal pour un bien dirons-nous, car vu la quantité de textes, on ne peut que s’estimer heureux qu’ Atlus ait pris la peine de tout traduire dans la langue de Molière.

Conclusion

13 Sentinels : Aegis Rim n’est pas un jeu facile à appréhender, en tout cas il l’est beaucoup moins que les dernières productions Vanillaware qui lorgnaient en terrain connu et qui mettaient surtout en avant un visuel d’une rare beauté mêlé à de l’action rpg. Pourtant, le dernier-né du studio de George Kamitani met en avant tout le savoir faire accumulé afin d’offrir une histoire riche en révélations, un univers dense, et des combats extrêmement grisants. Vanillaware prouve donc une fois de plus que pour la 2D, il y a eux qui trônent au sommet, puis il y a les autres qui tentent vainement d’en faire. 13 Sentinels est une œuvre originale, impossible à mettre entre toutes les mains, mais qui démontre que la 2D est loin d’avoir rendu son dernier souffle. Du grand art, simplement.

Les plus :

  • Un titre qui sort des sentiers battus
  • Voix japonaises et sous titré en français
  • Graphiquement époustouflant
  • Le chara design de Yukiko Hirai a un charme fou
  • Des combats stratégiques et grisants
  • Les musiques de Hitoshi Sakimoto excellente… 

Les moins

  • …Mais trop discrète
  • Un peu de fan service
  • Des combats visuellement minimalistes

Note : 4/5