Dernier-né des Drinkbox Studios, à qui l’on doit notamment l’excellent Guacamelee, Severed s’annonce comme l’ultime titre exclusif (pour le moment) à la Vita. La principale particularité de Severed est que celui-ci repose presque entièrement sur une jouabilité tactile. Ce qui s’avère extrêmement audacieux surtout lorsqu’on décide de sortir sur une console ayant déjà les deux pieds dans la tombe.
Pour situer grossièrement le gameplay de Severed, prenez Fruit Ninja, jeu sorti sur à peu prés toutes les plateformes tactiles, dont le seul et unique but était de découper des fruits de façon survoltée, en passant votre doigt sur l’écran afin de multiplier les combos. Vous l’avez ? Maintenant rendez Fruit Ninja riche et intéressant et vous obtiendrez Severed.
Plus sérieusement, Severed contient dans ses combats, une vision enrichie de ce que propose Fruit Ninja en conservant le fait que vous aurez l’air toujours très con dans les transports en communs. Mais avant tout, Severed appuie son concept tactile sur fond de Dungeon Crawler scénarisé.
Pas de bras, pas de piñata
Vous vous retrouvez dés le départ dans la peau de Sasha, jeune femme ayant été mutilée (d’où le titre du jeu). Ne possédant plus que son bras droit, Sasha se réveille dans les cendres encore chaudes de ce qui semble être sa demeure. Puis se retrouve nez à nez avec un être étrange lui expliquant qu’elle est tombée dans l’outre-monde et que sa famille s’est faite capturer par divers autochtones nonchalants afin de servir de pitance. Comme vous l’avez sans doute compris, en terme de scénario et d’ambiance, nous sommes loin des cabrioles délirantes de Guacamelee.
Le seul et unique but de notre héroïne estropiée sera donc de retrouver tout les membres de sa famille, et accessoirement son bras gauche, celui-ci s’étant fait la malle de façon étrange dés le début du jeu.
Le scenario de Severed, entouré d’une aura sombre et mystérieuse, ne révélera que peu d’indices sur l’univers et les divers protagonistes. Tout reposera sur vous, le joueur, afin de mettre en place divers théories pour raccorder tous les liens entre eux. Le monde dans lequel Sasha évolue est-il l’enfer ? Qui est le mystérieux individu auprès duquel la jeune femme se réveille ? Sasha a-t-elle finalement pris une trop grosse dose de LSD ? Ce qui expliquerait les décors fluorescent ? Et surtout, pourquoi son bras gauche ressemble t’il a un lombric multicolore ?
La direction artistique extrêmement réussie, utilise des couleurs très, voir trop chatoyantes, mais s’accordant particulièrement bien tout en associant, au même titre que Guacamelee auparavant, des personnages et ennemis conçus à partir de formes géométriques, presque comme découpé à la main. Le tout mettant en exergue l’aura de mystère entourant l’outre-monde de Severed.
Comme je le précisais plus haut, le dernier titre de Drinkbox, tente de faire renaitre à sa façon le Dungeon Crawler d’antan, tout en y incluant un système de combat tactile. Autrement dit, vous vous promènerez en vue subjective grâce au stick ou sur une pression d’une simple touche, dans des décors labyrinthiques remplis de monstres et de quelques étranges PNJ. Parfois le décor requerra un minimum d’interactions (toujours tactile) comme activer un levier pour ouvrir une porte, ou détruire des urnes afin de récupérer divers organes de monstre. Ces derniers vous permettront d’être transmutés en différents membres (pattes, ailes, tentacules, etc.), afin d’augmenter les compétences de Sasha qui récupéra de surcroit, divers pouvoirs durant l’aventure.
Attention ça va trancher chérie !
Mais ce sera surtout en mutilant vos ennemis durant les combats que vous obtiendrez de quoi upgrader les compétences de votre personnage. Tout comme dans le « modeste » Fruit Ninja, vous devrez donc faire des allers-retours frénétiques à l’aide de votre index magique sur l’écran de cette bonne vieille Vita. Pour corser un peu le tout, les ennemis se défendront de diverses manières afin de stopper vos combos, à vous de changer la position de votre doigt afin de pouvoir attaquer sous l’angle qui parait sans défense. Évidemment les monstres ne se contenteront pas de parer bêtement vos attaques, mais essaieront régulièrement de vous assaillir. Durant leurs contre-attaques, vous aurez alors un léger timing afin de contrer l’ennemi en faisant glisser votre doigt vers le coup porté.
Cela semble assez simple mais la difficulté augmentera progressivement. Vers la fin du jeu il vous sera difficile de faire face à 3 ou 4 ennemis en même temps. Le jeu fera appel à un timing très précis durant lequel vous devrez switcher d’un ennemi à l’autre afin de parer une attaque, puis retourner sur l’ennemi en position de faiblesse. Lorsqu’un ennemi sera sur le point d’être occis, vous aurez alors la possibilité de le démembrez lors d’un « finish move » bien placé.
L’un des points faibles de Severed se révèle être son interface tactile, non pas que celle-ci soit mal pensée bien au contraire, elle ne surcharge jamais trop l’écran et permet de garder un œil sur chaque ennemi grâce à des jauges permettant de savoir à quel moment ces derniers vont porter leurs attaques.
C’est plutôt la réponse tactile qui pose problème, l’écran de la Vita est pourtant extrêmement sensible et précis mais on a parfois la désagréable impression que celui-ci ne répond pas. Cela est surtout le cas lors des démembrements, de l’utilisation d’un pouvoir, ou afin de switcher d’un ennemi à l’autre. on se retrouve alors à tapoter de manière excessive la même icône tout en se faisant joyeusement éclater. Tout cela s’avère très gênant dans un jeu faisant appel à un timing parfois très serré (2-3 secondes). Au final, c’est la tout le problème que l’on peut reprocher à un jeu qui se repose à 90% sur du tactile. Car sans la sensation d’avoir appuyé directement sur un bouton, vous vous demanderez toujours pendant un instant si il y a eu une réponse ou non.
Même si le concept de Severed reste original et extrêmement intéressant, notamment durant les premières heures comportant un très bon ratio combat/exploration, on remarque que celui-ci devient répétitif et s’essouffle durant les 2 dernières heures du titre. Transformant en calvaire pour votre index, la dernière heure et son rush de combat parfois difficile. On apprécie finalement que la durée de vie lorgne vers les 7h, ce qui permet à Severed de rester un bon souvenir pour tous les possesseurs de Vita.
Conclusion
Severed laisse dans son sillage une jouabilité qui ne répond pas toujours à l’appel et un gameplay qui devient répétitif sur la fin. Pourtant, si l’on réfléchit à l’aube d’une ère ou le « full » tactile se passe essentiellement sur mobile, le pari de Drinkbox semble risqué mais donne envie d’être salué. Il n’est pas donné à tous le monde de concevoir un jeu avec des mécaniques tactiles qui s’intègrent pourtant à une richesse inhérente aux jeux PC/Consoles. De plus, le dernier titre des Drinkbox Studios se permet d’ incorporer de vieilles composantes de Dungeon Crawler, le tout enrobé d’un habillage réussi. Pour la modique somme de 14€99, Severed reste donc un bon titre pour tous les possesseurs d’une Vita pas si « Mortuus » que ça.
Les plus :
- Gameplay original
- Direction artistique soignée
- Système de Craft sympathique
- Une bonne exclusivité sur Vita !
- Des musiques plutôt réussies …
Les moins
- … Mais pas assez nombreuses.
- Bestiaire pas assez riche
- Répétitif sur la fin
- On a l’air con dans les transports en commun.
Note : 3,5/5