Bien que je ne fasse pas partie des joueurs ayant roulé leurs bosses sur King’s Quest pendant l’âge d’or des point’n click, ce revival 2015 m’avait charmé durant sa première présentation l’an dernier, en partie grâce à une patte graphique et un humour beaucoup plus présent que dans les productions actuelles. Le travail est donc confié à The Odd Gentlemen, petit groupe de développeurs surtout connus pour leurs puzzle games ou leurs platformers uniquement disponibles en dématérialisés. Les fans étaient donc en droit de s’inquiéter que Sierra/Activision confie une licence aussi prestigieuse à un studio aussi « jeune ». Ce pari audacieux s’avère pourtant bien parti pour rendre ses lettres de noblesse à une série mythique des années 80-90.
Dépoussiérage pour King’s Quest
Ce King’s Quest nouvelle génération se situe donc entre le jeu d’aventure et le point’n click, s’inspirant sans honte des productions Telltale Game. Ainsi, le héros sautera et gravira les obstacles automatiquement, avec parfois quelques QTE pour certaines phases d’actions.
Le héros d’ailleurs, parlons en : vous jouez Graham, bien des années avant de devenir roi, racontant ses nombreuses aventures à sa petite fille Gwendolyn. Cette dernière profitera souvent des pires moments pour lui couper la parole alors que vous êtes en pleine action. Si vous connaissez le film Princess Bride (que je vous recommande chaudement), alors vous êtes en terrain connu.
Graham a-t-il plus de charisme que cette grenouille ?
L’humour au service de sa Majesté
D’ailleurs, les références cinématographiques dans King’s Quest sont nombreuses, et l’humour lui, est omniprésent, celui-ci constitue l’un des points forts du titre. Les situations cocasses, les personnages complètement loufoques et les réactions exubérantes de Graham confèrent à King’s Quest une énorme bouffée d’air trop souvent absente des licences actuelles. Pour s’en convaincre, la scène de l’épreuve de vitesse constitue à elle seule un moment d’anthologie en terme d’absurdité.
Tout comme Prince of Persia : les sables du temps, le jeu se sert habilement du narrateur, pour vous faire recommencer une scène dans le cas où vous passeriez de vie à trépas, en précisant bien avec une bonne dose d’ironie, que c’est probablement comme cela que ça ce serait passé s’il avait fait le mauvais choix.
Graham aura la possibilité de grimper certaines parois.
De l’écuyer au chevalier
Le début de ce premier épisode nous propose donc de rechercher pour le compte du roi Edward, un miroir magique caché dans la tanière d’un redoutable dragon. Même si cette ouverture à King’s Quest est efficace, celle-ci est loin d’être convaincante. La faute à une trop grande linéarité et des zones très cloisonnées, avec parfois l’impossibilité de revenir en arrière.
Malgré les textures plutôt grossières, certains décors sont très réussis.
Les aptitudes physiques de Graham égalant celles d’un calamar avarié, il vous faudra faire marcher un tout petit peu votre cervelle, lorsque ça ne sera pas de jouer du QTE afin d’éviter que la mort n’emporte notre héros aidé de ses pirouettes rocambolesques et d’une grosse dose de chance.
D’autant plus que les énigmes sont d’une relative facilitée, de ce fait, un objet découvert trouve directement son utilité quelques pas plus loin. Heureusement, la suite de l’aventure prend une tournure bien différente.
Golden Graham
Ainsi très vite, l’aire de jeu s’agrandira, et les énigmes s’enrichiront et auront parfois la possibilité d’avoir plusieurs solutions. Contrairement aux productions de Tim Schafer, la plupart des problèmes à résoudre répondent à une logique assez simple, aucune situation capillotractée à l’horizon. Et même s’il arrive que l’on tourne un peu en rond, on se débloque en général assez rapidement.
Comme je le disais plus haut, le jeu se rapproche de la plupart des productions Telltale Game, avec ses choix à conséquences, on regrettera juste que pour l’instant les résultats de certains choix n’aboutissent pas dans ce chapitre.
Certains personnages pourront peut être devenir des alliés de poids.
King’s Quest comporte tous les bons cotés du point‘n click mais également ses défauts, à savoir parfois, des allers-retours intempestifs, heureusement, ce premier chapitre est constitué d’une zone assez vaste pour éviter de donner au joueur la sensation de trop tourner en rond, ou de repasser sans cesse par les mêmes endroits.
Même si techniquement cela est loin d’être parfait à cause de textures pas très propres, le jeu reste dans l’ensemble plutôt joli, avec un aspect cartoon bien rendu, faisant référence aux King’s Quest de la vieille école. Mais le tout tourne aisément sur la génération de consoles précédentes, sur lesquelles il est d’ailleurs également disponible.
Sur le plan sonore, les voix françaises sont correctes mais on regrettera toutefois qu’il n’y ait pas de voix originales. Quant aux compositions de Ben et David Stanton (compositeurs attitrés des jeux The Odd Gentlemen), ces dernières sont très bonnes, l’ensemble fait toujours mouche et accompagne l’action de manière fusionnelle.
Conclusion :
Même si le gameplay n’a à priori rien d’exceptionnel, puisque puisant ça et là dans les productions épisodiques actuelles; les situations cocasses, l’humour et la bonne humeur constante de Graham, presque contagieuse, même pour les rares spectateurs qui vous regarderont jouer, confèrent au titre une recette alchimique particulière. Et c’est cette recette qui servira de ciment afin de poser la première brique de King’s Quest qui, on l’espère, façonnera le genre d’édifice majestueux dans lequel doit trôner un roi.
Plus :
- Aspect Cartoon réussi
- Les musiques rappelant les grands films d’aventures
- L’humour omniprésent
- Graham et ses réactions exubérantes
- Plutôt long par rapport aux jeux épisodiques habituels
Moins :
- Techniquement pas au top
- Ça rame pas mal et sans raison apparente
Note : 4/5