Chronique roman La bête et Bethany

Déclarer qu’un.e enfant est à croquer, n’aura plus jamais la même valeur en sortant de votre bouche après avoir lu La bête et Bethany (Bayard). L’histoire de Jack Meggitt-Phillips, illustrée par Isabelle Follath et traduite par Dominique Kugler, nous engloutissant au plus profond de son univers entre surnaturel et drames on ne peut plus humains.

La bête et Bethany

Il ne nous faut longtemps pour n’avoir aucune sympathie, enfin on peut aller jusqu’à affirmer qu’on le déteste d’emblée selon nos idéaux, le jeune Ebenezer Tweezer. Jeune d’apparence, puisqu’il va sur ses 512 ans révolus. Son secret pour être en pleine santé physique et avoir ce teint célestin ? Une alimentation saine ? Pas forcément. De l’activité intellectuelle ? Il se donne des genres, mais pour faire pâlir d’envie les gens qu’il ne fréquente. Une vie sociale fastueuse ? Non car justement, il a plutôt tendance à ne se mêler aux autres, pas de famille, ni d’ami.e.s, par égocentrisme. Du sport ? Ah, il est vrai qu’il bouge pas mal pour remplir des objectifs confiés. Une crème anti-rides ? On s’en approche et l’élixir lui offrant cette jeunesse, ne sort de n’importe où…

Lire la composition de produits cosmétiques, s’avère effarant. Surtout celle de ces fameuses marques ayant pignon sur rue. Entre juste de la flotte, des saletés et des animaux, pour des tests eux-mêmes effectués sur moult gentilles créatures. Dans La bête et Bethany, même pas sûr que vous vous en demandiez la constitution, en sachant d’où elle provient. Précisément, de la bouche de la « bête » vivant aux côtés du vil Ebenezer. Celle-ci lui offre même, toujours par l’énorme trou entouré d’inquiétantes dents, tout ce qu’il désire. Enfin à ceci près qu’en échange, il doit la nourrir.

Et ses désirs en mets sont souvent délicats à assouvir. Néanmoins l’homme, si on peut l’appeler ainsi à la vue des ignominies commises, se plie en 4 pour répondre à ses exigences. Sans quoi, il flétrirait bien vite sans cette substance lui octroyant une vie paraissant éternelle, mais si triste et égoïste.

Quand cette colocataire affamée lui réclame un.e enfant pour s’en délecter, il a beau s’offusquer, il retourne bien vite sa veste. Et choisit la plus odieuse petite fille qu’il pouvait dénicher à l’orphelinat tenu par une mégère. Finalement, cette rebelle et chapardeuse Bethany, n’y gagnera pas forcément au change. Mais comme trop maigrichonne, dur de songer que la gérante nourrit les petit.e.s à leur faim, le monstre magique/horrifique veut qu’elle s’engraisse.

Cependant, se connaissant de plus en plus au fil du temps, on sent qu’elle et son adoptant se lieront. Ce qui se produit progressivement, avec des manières bien à elle et lui. S’il essaie de l’amadouer pour servir ses intérêts, la colère qu’elle en elle se déploie et confie davantage encore l’envie à Tweezer de s’en débarrasser. Surtout qu’en parallèle, il ne bénéficie plus de son trésor régénérant. Même si la bête lui donne quelques coups de main, enfin de vomis surnaturels, pour réaliser ses plans.

Sauf que son machiavélisme se retrouvera touché par Bethany, qui au fond d’elle s’avère beaucoup plus sensible qu’elle ne désire le montrer. Cachant sa douleur par ses odieux actes et son sale caractère. Une tendresse se mêlant par ce biais à l’horreur et à l’humour. Cette piquante gamine enchaînant les hilarantes réactions, tout du moins pour le lectorat. Rendant son « bienfaiteur » drôle par ses tentatives de traquenards, le changeant de son quotidien. Pour bientôt le faire évoluer dans sa vie ? Sans trop en dire, ce sera effectivement le cas. Mais comment éviter le pire que leur réserve la bête ?

Isabelle Follath nous plonge davantage encore dans ce monde par ses dessins crayonnés. Entre les bêtises de Bethany, l’aspect de cet ogre… Et l’impact du produit magique en moins sur Tweezer !

Conclusion

Drôle et touchant, La bête et Bethany fait partie de ces romans où dès une dizaine d’années les lectrices et lecteurs se régalent et s’émeuvent, au même titre que les adultes.