Aurélie Wellenstein, dont nous avions parlé l’an dernier via son roman Yardam, voit désormais Le Désert des couleurs être décliné en format poche chez Pocket, après une première édition chez Scrineo, lui aussi avec une couverture d’Aurélien Police. Un bon moyen de l’emporter avec soi lors d’une excursion à travers les dunes ?
Les sables du temps s’égrainent à un point tel, que l’une des ultimes communautés humaines, voire la dernière, doit trouver au plus vite un nouvel endroit où (sur)vivre. Le désert de sable menaçant de plus en plus d’ensevelir le volcan d’Eos, au sein duquel elle s’est réfugiée. Impossible cependant de le braver, afin de trouver un havre ou un oasis de paix. Puisque traverser ce désert vous fait notamment oublier vos souvenirs. Le sable le composant, s’avérant justement des fragments perdus de mémoire. Le seul moyen de tenter une expédition en direction de la légendaire cité d’Alnaïr, est d’y envoyer un.e humain.e élu.e par une cérémonie mystique. Associé.e à une forme de vie l’étant tout autant : un mimorian !
Il ne peut en rester qu’un à la fois et un nouveau est justement sur le point de naître, Kabalraï. Sa mère, Capella, ayant eu la visite du mystérieux marchand de sable, engendrant cette fécondité particulière. Et une fois né, une croissance hyper rapide. Par la taille certes, semblant adolescent alors qu’il n’a que 2 ans, mais également dans certaines capacités intellectuelles. Notamment les talents de conteur de chaque personnage de cette caste. Si cette qualité permet de faire voyager son auditoire, elle lui permettra de concrètement voyager en compagnie de celle ou celui choisi.e. Qui, comme par hasard, sera sa (demi-)sœur Irae.
S’il la connait à peine, par de sales histoires de famille dont on ne nous dévoile bien entendu par les secrets d’emblée, il est justement ravi de cette décision chamanique au fond de lui. Tout en craignant la réaction de la jeune femme, plutôt aux nerfs à vif. Et dont le début de relation avec son frère, fut assez moyenne. Rien de mieux pour un périple mouvementé ! Car évidemment, ce contexte offrira l’occasion au duo de se découvrir. Malheureusement la situation est complexe. Étant donné qu’au fil du temps, on sait pertinemment qu’à l’instar de leurs prédécesseuses/eurs, elle perdra ses souvenirs. Que son frangin devra dénicher parmi les grains dans cette immensité, afin de les vivre lui-même, pour mieux les lui retranscrire et ainsi poursuivre l’aventure. Néanmoins, toute vérité n’est bonne à savoir. Et même s’il a le physique et des caractéristiques d’adulte, il n’a que dans les 3 ans au début de cette expédition.
Soit de rares expériences de la vie, une gentillesse enfantine, une naïveté ne lui laissant voir que le bon côté des gens… Alors prendre de plein fouet certaines informations dans la peau de sa frangine, aura de quoi le troubler. Toutefois, il cherchera à accomplir sa mission. Mais dur pour elle d’accepter certaines révélations, voire de les comprendre. Sauf si elle cache un lourd passé, même si l’on s’en doute par le comportement de sa mère. Reste à en découvrir les raisons. Voire peut-être apprendre qu’autre chose se soit passé tout autour. Le suspense devient donc de chaque instant, par notre propre imagination sur ce qu’elle a pu commettre. Ainsi que sur le présent de leur relation, alors que le garçon vieillit à vitesse grand V en ces lieux. Où des dangers et mirages rôdent à chaque angle obtus de dune. Et finalement, le but premier existe-t-il vraiment ou s’agit-il juste d’un espoir ?
Conclusion
Pour reprendre une éculée citation, on peut affirmer que durant Le Désert des couleurs : l’important ce n’est pas la destination, c’est le voyage ! Forcément, le point d’arrivée envisagé est absolument indispensable à la survie du peuple. Mais cette doublette ne deviendra peut-être qu’un relai, confiant de nouvelles informations par le biais d’oiseaux télépathes. En revanche ce qui s’avère déjà du concret, c’est l’histoire familiale qui en découle. Les discussions entre iels, leur entraide, les cachotteries, les doutes… Un voyage familial émotionnel, rude, à l’enrobage fantasy, en perspective d’une quête pour le bien général.