Le 7eme opus de Yakuza (ou plutôt 8éme si l’on compte l’épisode 0) est enfin arrivé dans nos vertes contrées. Et pas avec n’importe quelle surprise, puisqu’on a enfin droit à une traduction française. Privilège dont avait seulement bénéficié le premier épisode sorti sur PS2. Certes, depuis la traduction de l’excellent Judgment, on était en droit d’attendre pareil d’un nouvel épisode de Ryu Ga Gotoku, et c’était sans doute le meilleur moment car la série fait désormais place à un nouveau héros. Après l’épopée du dragon de Dojima alias Kazuma Kiryu, faites désormais place à Ichiban Kasuga, un dragon également mais plutôt trublion.
Like A Dragon Quest
Bonne patte, un peu naïf et idiot sur les bords, bagarreur et chercheur d’embrouilles, le nouveau héros de Yakuza : like a dragon fait ses débuts en nous laissant un peu perplexe. Changer de héros a sans doute était un choix difficile à faire pour Toshihiro Nagoshi, papa de la série. Mais surtout une décision dure à accepter pour les joueurs. Qui plus est après un sixième opus de la franchise au sommet, où papy Kiryu transpirait toujours la classe à tous les niveaux du haut de ses 50 balais. Qu’a donc à nous offrir cet Ichiban ? De la vieille tronche disgracieuse à la coupe de cheveux en pétard, ce dernier fait forcément fuir les filles. Et niveau baston, on est très loin d’égaler un Kiryu.
Pourtant on se surprend petit à petit à s’attacher à ce yakuza au grand cœur, dévoué plus que tout à son clan et à ses proches, celui-ci croit fermement que l’honneur est la plus importante vertu des yakuzas. Souvent très drôle et complétement déjanté, on se mettrait presque à penser finalement que Kiryu avait sans doute un balai de la taille de la tour Eiffel profondément ancré dans le séant.
Bref, Kasuga est complétement différent de Kiryu, et c’est sans doute le principal objectif des p’tits gars du Ryu ga Gotoku Studio. Ichiban est une véritable bouffée d’air frais et c’est sûrement ce qu’il nous fallait. De ce coté là, la passation de flambeau est admirablement exécutée.
Cela coulait donc de source de modifier le système de jeu en même temps que son héros fétiche, ainsi comme vous avez pu le lire à droite ou à gauche, Yakuza Like A Dragon est un JRPG au tour par tour. Pour autant, les racines du RPG ont toujours été présentes dans la série, un système de montée en level, de l’apprentissage de compétence, des objets à ne plus savoir qu’en faire, jusqu’à la présence d’armes, et bien évidemment des quêtes annexes plus ou moins débiles à réaliser, tout était déjà là. Par conséquent les fans de la première heure ne seront pas trop dépaysés.
Pour la petite histoire, notre héros qui a grandi dans un soapland de Kamurocho sans connaître ses parents va un jour croiser la route d’un Yakuza du nom de Masumi Arakawa, Kumichô (chef de clan) de la famille Arakawa, qui va décider de le prendre sous son aile. Depuis ce jour Ichiban va se prendre d’affection pour Arakawa, mais pourtant, les choses vont mal tourner le jour où ce-dernier va demander à Ichiban de trinquer pour 18 ans de prison à la place de Sawashiro, capitaine du clan Arakawa.
Vouant une admiration sans borne à Arakawa, Ichiban va bien évidemment accepter, pour constater 18 ans plus tard qu’il s’est fait enfler en beauté. Pourtant, sa confiance envers Arakawa est telle, qu’il ne doute aucunement de son ancien Kumichô même après que ce dernier lui ait mis une bonne balle dans le buffet. Ichiban, toujours vivant, se réveillant au pays des clochards en plein milieu de Yokohama, se lance alors dans une quête personnelle afin de confirmer une bonne fois pour toute ses sentiments envers celui qui lui à tout donner, mais également tout repris. Évidemment, celui-ci ne va pas tarder à se rendre compte qu’il est le rouage d’un complot bien plus ambitieux et heureusement, il ne sera pas seul pour y faire face.
Un pour tous et tous pour le numéro un
Comme nous l’avons cité plus haut, Ichiban même s’il n’est pas en reste, est loin d’égaler les prouesses combatives du légendaire dragon de Dojima. Tour par tour oblige, notre yakuza au grand cœur pourra donc compter sur de nombreux alliés pour l’épauler. Adachi, ex-flic réduit à faire la circulation à cause d’un patron ripoux; Saeko, sœur surprotectrice qui fera tout pour sortir sa jumelle d’une affaire de prostitution; Nanba le SDF à la recherche de son frère disparu; ou encore Joog-gi han, membre de la mafia coréenne et ancienne doublure d’un chef de gang, ne seront pas en reste devant les obstacles qui feront face à Ichiban.
Malheureusement, tous ces personnages ne sont pas toujours intéressants. On regrette que ces derniers manquent parfois d’importance dans le lore principal et apparaissent très peu lors des cinématiques. On se surprend d’ailleurs à remarquer que certains héros de votre équipe disparaissent pendant certaines scènes au détriment de protagonistes un peu plus importants pour l’histoire. Un peu comme Nanba, un personnage volontairement mis en avant alors qu’il n’attire pas forcément la sympathie.
Bien qu’au tour par tour, les nombreuses échauffourées de Yakuza Like a Dragon se présentent de façon très dynamiques puisque les ennemis ainsi que les personnages sont toujours mobiles sur la surface de combat. Ces derniers s’effectueront d’ailleurs quasiment sans transition dans la zone où vous rencontrerez les adversaires.
Il faudra souvent guetter l’instant stratégique où attaquer un adversaire pour pouvoir l’envoyer valser sur ses acolytes ou encore lui balancer des coups de latte au sol afin d’augmenter les dégâts. La plupart des aptitudes d’attaque vous obligeront à marteler un bouton ou à appuyer en rythme. Dans le même ordre idée, il faudra systématiquement appuyer au bon moment sur une touche pour réduire les dégâts d’un ennemi. Ainsi, tout est mis en œuvre pour rendre les combats moins soporifiques et le joueur le plus actif possible.
Ces derniers sont toujours aussi spectaculaires et même encore plus puisqu’on atteint un niveau de débilité pour certaines techniques rarement égalé jusque là dans la série. D’ailleurs, certaines attaques combinées, ou encore la possibilité d’appeler un compagnon à la rescousse peut rappeler dans un style complétement loufoque, les invocations de certains JRPG.
Mafieux jusqu’au bout des cheveux
Autant le dire tout de suite, les développeurs se sont complétement lâchés et la grande classe côtoie souvent le grand n’importe quoi pour le plaisir de tous. La mise en abîme des combats est d’ailleurs très originale, puisque tout part du principe qu’Ichiban, grand fan de Dragon Quest devant l’éternel, va traduire à l’écran ce que son cerveau déjanté perçoit. Ainsi un simple Salarymen complétement ivre ou une petite racaille prendra, en plein combat, la forme d’un chevalier du fût, d’un medium fanatique, ou encore d’un paparazzi de choc.
Une idée simplement géniale qui, en plus de nous faire marrer, apporte une variété d’ennemis beaucoup plus importante qu’auparavant dans la série. Comme dans tout bon vieux Final Fantasy ou Dragon Quest qui se respectent, vous aurez la possibilité de changer de job, et encore une fois il faudra laisser l’imagination fertile d’Ichiban s’exprimer , pour constater en plein combat que vos héros, correctement habillés au quotidien, se transforment avec des tenues reflétant leurs nouvelles compétences.
Ainsi l’armure étincelante du héros pourra y côtoyer la tenue excentrique d’une idole, la robe à paillette d’une hôtesse ou tout simplement le costard d’un garde du corps. Niveau terrain de jeu, direction Yokohama dans le quartier fictif d’Ijinchô. Une fois n’est pas coutume, nous sommes gâtés, puisque la surface de jeu est bien plus importante qu’avant. Mais que les fans qui, après 7 épisodes n’en ont toujours pas assez de Roppongi, se rassurent, vous aurez toujours le loisir de le visiter et ferez même un petit passage par Sotenbori.
Il y a de quoi faire et les bars à hôtesse, restaurant et autres salles d’arcade n’attendent que vous. Bien évidemment, tout comme dans les anciens épisodes, leurs présence est loin d’être fortuite. Nous dirions même que la plupart de ces lieux de divertissements trouvent une meilleure nécessité que dans les autres opus. Outre la possibilité de vous régénérez pour les restaurants par exemple, le cinéma, le karaoké ou les bars permettent également de renforcer votre amitié avec vos compagnons. Cela aura pour incidence d’en apprendre plus sur l’histoire personnelle de chacun, mais surtout de débloquer de nouvelles compétences en combat.
Les salles d’arcade quant à elles, serviront si nécessaire, à rompre un peu la monotonie du titre en vous défoulant sur Virtua Fighter et d’autres grands classiques de Sega. On appréciera surtout l’arrivée du kart dans la série, avec des courses à travers tout Yokohama vachement bien fichues, et de nombreux rivaux tous plus drôle et égocentrique les uns des autres. Mario pourrait y débarquer qu’on y verrait (pres)que du feu, un vrai jeu dans le jeu.
Les codes du RPG étant bien évidemment respectés jusqu’au bout des sticks, un très large panel d’équipement sera mis à votre disposition, et les donjons seront également de la partie, prenant souvent place dans des égouts ou des buildings bien précis. A Sotenburi, une tour bien pratique vous permettra même de gravir les étages en rencontrant des ennemis bien puissants qui favoriseront le level-up. Vous pourrez même y remporter des objets uniques.
Visuellement, Yakuza Like a Dragon nous gratifie du même moteur (Dragon Engine) que Yakuza 6 ou Judgment qui, avouons le, fait toujours des merveilles. Les animations des divers protagonistes ne sont évidemment pas en reste, et la fluidité des déplacement à travers la ville est toujours un véritable plaisir. Même si l’on hésitera pas longtemps à appeler un taxi vu la taille de l’espace à explorer.
Conclusion
Faire de Yakuza Like A Dragon un RPG semble être un pari risqué pour les profanes de la série, mais pour ceux qui ne jure que par Kazuma Kiryu ou Majima Gorô, cela ne semble être qu’un cheminement naturel afin de faire évoluer la série vers de nouveaux horizons. Après tout, de nombreuses composantes du RPG étaient déjà de la partie, les véritables changements se trouveront au niveau des combats ainsi que sur l’agrandissement du terrain de jeu. N’ayez donc pas peur de vous jeter corps et âme dans le nouveau titre du Ryu Ga Gotoku Studio.
Pour le reste, la recette fonctionne toujours aussi bien. Comme ses prédécesseurs, Yakuza Like A Dragon nous gratifie d’un scénario bourré de rebondissements, de bastons gonflées à la testostérone, d’activités annexes à chaque coin de rue et de personnages charismatiques à chaque cut-scene. Reste à espérer que les sous-titres français feront enfin découvrir la série aux anglophobes, et que celle-ci gagnera enfin la notoriété qu’elle mérite sur le vieux continent. Au coté des légendaires Kiryu et Majima, il faudra donc désormais compter sur une nouvelle tête brulée : Kasuga Ichiban.
Les plus :
- Ichiban Kasuga, héros génial et attachant
- Yokohama comme si on y était
- L’humour omniprésent
- Les mini-jeux
- Un très bon équilibre entre cinématique et jeu
- Un scénario du même acabit que les précédents opus
- Des combats très réussis
- La parfaite intégration des composantes du JRPG
- Le doublage japonais
- Enfin des sous-titres français pour la série
- Enfin débarrassé des horribles Don Quijote
Les moins :
- Des personnages secondaires parfois trop effacés
- Des temps de chargement parfois long sur PS4
Note : 4/5