Chronique roman Les Femmes artistes vues par une ado

Notre découverte de la gamme 100% Bio de Poulpe Fictions fut tellement marquante avec Les Femmes de sciences vues par une ado, de Natacha Quentin et Julie Staboszevski, qu’on avait hâte qu’un nouvel ouvrage débarque. Désormais place à divers arts, via Les Femmes artistes vues par une ado, et par sa sœur également. Ouvrage justement signé par les frangines Appoline Haquet et Alice Brière-Haquet, illustré par Melody Denturck.

Les Femmes artistes vues par une ado

Michelle n’est pas juste belle, contrairement à ce que peuvent entonner les scarabées, elle est aussi intelligente, curieuse et a envie de partager. Finalement, comme bien des personnes, peu importe leur genre établi par la société bien-pensante. D’ailleurs elle remarquera rapidement que dans l’art pictural, on ne nous présente quasi que des peintres mâles. Les femmes étant généralement réduites à leur beauté, dans les tableaux de ces messieurs. Et si possible nues ! La visite au musée avec sa classe est sans équivoque là-dessus. Tout autant que le cruel manque d’œuvres accomplies par la gent féminine.

Lui vint alors l’envie irrépressible de découvrir ces femmes finalement peu mises en avant, aujourd’hui encore. Et de nous en parler au travers de sa chaîne de vidéos. Et oui, on continue à faire partie de la communauté d’une jeune vidéaste, mais par le biais d’une retranscription à l’écrit. Le ton oscillant entre un côté typique des vidéos de jeunes de son âge par le rythme, et le langage, néanmoins poli, allant avec. Un mix fonctionnant avec brio. « Qui c’est brio ? » me direz-vous. Cela tombe bien, car au sein de ce dynamisme et cette identité détendue, notre héroïne fera fuser les vannes et autres jeux de mots. Bien accompagnée en ce sens par sa grande sœur, sa grand-mère, sa mère et son père.

Un quintet plutôt calé dans le domaine artistique. Michelle moins de base. Même si baignant dans cet univers, elle a pu découvrir la peinture grâce à sa maman restauratrice (pas gastronomique). Ou encore découvrir de truculents objets, avec son farfouilleur de brocantes qu’est son papa. En plus de ce qu’elle a pu retenir à l’école. Ces mélanges de connaissances, avec chaque personnage en connaissant plus ou moins sur certaines artistes, divers domaines… met en avant moult genres, traversant les époques. Et pour cause, on en apprendra du tout début des femmes et des hommes, pour atteindre l’époque contemporaine en traitant par exemple du cinéma. Qui, ô surprise, n’existait à la préhistoire. En passant par l’Antiquité, le Moyen-Âge… Et en traversant la planète.

Ce qui s’avère hautement réussi pour capter plus encore l’attention, s’avère la variété d’approches pour dépeindre une époque, développer un historique, présenter des artistes… La jeune fille enchaîne les épisodes, avec des méthodes différentes, prenant des chemins eux-mêmes distincts. Notamment quand sa frangine et leur mère s’opposent, dans leur promotion d’une artiste chacune. Qui gagnera ? Une pluralité n’ayant d’équivalent que la diversité des thématiques : peinture, sculpture, broderie, photographie ou encore le 7e Art.

Au-delà de ces femmes néanmoins artistes et de ces artistes qui n’en sont pas moins des femmes, c’est en outre l’histoire du monde qui sera parcouru. En pointant des faits, en relevant le patriarcat des moult périodes abordées qui ostracisa les filles et les dames, quitte à en changer la langue française pour faire disparaître autrice et d’autres termes… Des horreurs loin d’être terminées aujourd’hui. Et dans certains endroits, c’est encore amplement pire qu’en France, où se trouve leur famille.

Mais que serait cet enseignement et sa drôlerie le rendant plus accrocheur, sans les dessins de Melody Denturck ? Avec des quantités de gags rebondissant sur les personnes évoquées, les situations de recherches, de vie de famille…

Conclusion

Décidément, la collection 100% Bio de Poulpe Fictions nous réserve toujours de quoi apprendre profondément. Tant sur son grand sujet, que sur l’histoire du monde globalement. De quoi à la fois faire réfléchir, pour que les artistes actuelles et futures n’aient besoin d’un livre tel que Les Femmes artistes vues par une ado. Car s’il est fantastique et hilarant, il démarre tout de même d’un désastreux constat de notre société.